| En Belgique, aux Pays-Bas et dans la Flandre française, on donne le nom de kermesses à des fêtes qui se célèbrent dans chaque commune une fois par an avec de grandes réjouissances. A l'origine, les kermesses avaient un caractère exclusivement religieux; c'était la fête patronale du saint de la paroisse, ou l'anniversaire de la consécration de l'église (en pays wallon on dit encore aujourd'hui, au lieu de kermesse, ducasse, corruption de dédicace). Cependant les réjouissances profanes ne tardèrent pas à dominer, et, dès le Moyen âge, on constate que les kermesses donnent lieu à toutes sortes d'excès de table et de cabaret. Au XVIe siècle la licence était extrême, à tel point que Charles-Quint interdit, sous des peines sévères, de faire durer les fêtes plus d'un jour; mais l'édit de 1531 ne tarda pas à tomber en désuétude. En 1786, Joseph II, constatant que les kermesses étaient pour la classe ouvrière une source de dépenses considérables, fixa la célébration de toutes les fêtes paroissiales au même jour. De cette manière, pensait-il, la dépense ne se ferait qu'une fois et l'on ne verrait plus les ouvriers se rendre à toutes les kermesses des localités environnantes, commettant des désordres et gaspillant leur salaire. Cette mesure, plus que tous les autres décrets de réforme, valut à l'empereur une impopularité extrême; le peuple tenait bien plus à ses plaisirs qu'à ses anciennes institutions. Le clergé sut habilement profiter de ce mécontentement, et bientôt la révolution brabançonne éclata. A partir du XIXe siècle, et de nos jours encore, les kermesses sont célébrées avec beaucoup de faste; on organise des festivals de musique, des concours de tirs et jeux, et, durant plusieurs jours, la commune est en liesse. Dans certaines villes, il y a des processions fameuses, à Mons, à Anvers, à Tournai, etc. | |