| Hyacinthe. - Fils d'Amyclos et de Diomédé, ou de Piéros et de la muse Clio, Hyacinthe était un jeune homme dont la légende jouait un rôle important dans le culte dorien d'Apollon, à Amyclées. On avait imaginé que, chéri du dieu Soleil, Hyacinthe avait été tué par lui d'un coup de disque; Apollon l'avait longtemps pleuré; nous savons par les Métamorphoses d'Ovide que le sang du malheureux, se répandant sur le sol, donna naissance à une fleur, la hyacinthe. Cette fleur, du reste, qui était rouge et était sans doute de la famille des iris, n'avait pas de rapport avec celle qui porte maintenant ce nom. Les diverses étymologies qu'on a proposées du nom de Hyacinthe, antiques ou modernes, sont très douteuses, et, dans tous les cas, elles servent peu à nous éclairer sur la signification du personnage et sur sa valeur mythique. Le plus simple est peut-être de retrouver, dans ce nom comme dans celui des Hyades, par exemple, l'idée de pluie ou d'humidité féconde. Hyacinthe représenterait la végétation jeune et fraîche du printemps, que les ardents rayons du Soleil dessèchent, flétrissent et tuent. Ce ne serait là qu'une forme dorienne d'un mythe qui se retrouve à chaque page dans l'histoire de la religion grecque, et l'hypothèse est d'autant plus séduisante qu'elle explique les cérémonies des fêtes en l'honneur de Hyacinthe, les Hyacinthies lacédémoniennes. Les Hyacinthies. Ces fêtes étaient célébrées autour du sanctuaire d'Apollon, à Amyclées. Elles n'étaient probablement qu'un épisode des longues fêtes qui duraient tout le mois Hyacinthos, correspondant au mois Hécatombaeon des Attiques (mai-juin). Elles duraient trois jours au moins. Dans le sacrifice sans couronnes et sans paeans, on ne servait pas du pain de froment, mais des pains grossiers, et tout le reste à l'avenant; d'autre part, hymnes joyeux, accompagnés de flûte et de cithare; une brillante cavalcade, que les jeunes filles suivaient, formant des choeurs avec les jeunes gens, dans des voitures d'osier et sur des chars; ensuite, jeux et concours variés, banquets où tous les convives, auxquels se mêlaient les esclaves et les étrangers, se couronnaient de lierre. Telles étaient les différentes cérémonies; peut-être enfin ornait-on l'image d'Apollon de la tunique que les jeunes Spartiates avaient tissée pour lui. Toutes ces fêtes avaient le plus grand éclat; ces jours-là, toute la population de Sparte quittait la ville, qui restait déserte, pour se transporter au temple d'Amyclées; toutes les affaires étaient suspendues, et la guerre même faisait trêve officielle. On ne sait au juste la durée de ces fêtes et l'ordre des cérémonies. On peut seulement affirmer qu'il y avait des alternatives de joie et de tristesse, et cela suffit à confirmer l'idée que le culte de Hyacinthe symbolisait le renouvellement printanier des plantes momentanément détruites par les ardeurs de l'été. Le culte de Hyacinthe n'acquit nulle part la même importance qu'en Laconie; mais il se répandit néanmoins dans le monde grec. On le retrouve peut-être à Athènes, certainement dans les îles de Rhodes, Tinos, Théra; il s'étendit même en Sicile. (P. Paris). | |