| Le mot agapes (du grec agapè = amitié), signifie littéralement: actes d'amour fraternel. C'étaient des repas religieux, pour lesquels les premiers Chrétiens s'assemblaient le soir, en souvenir du dernier souper que Jésus fit avec ses apôtres, lorsqu'il institua l'eucharistie; à la fin de ces repas, tous les assistants participaient à la sainte Cène. Ces agapes avaient un grand rapport avec certains repas de dévotion que les Juifs pratiquaient depuis longtemps déjà. Dans les jours de grande fête, ils faisaient des festins à leur famille, à leurs parents et à leurs amis, auxquels ils invitaient les lévites, les pauvres, les orphelins, et leur envoyaient des parts de leurs victimes. Ces repas se faisaient dans le temple, et il y avait certaines victimes et certaines prémices ordonnées par la loi que l'on devait mettre à part pour cela. Chez les premiers Chrétiens, ces festins se faisaient dans l'église et sur le soir, après avoir entendu la parole de salut et fait les prières communes. Alors les fidèles mangeaient ensemble, en principe dans la simplicité et dans l'union, ce que chacun apportait; en sorte que le riche et le pauvre n'y étaient nullement distingués. Après un souper frugal et modeste, ils participaient au corps et au sang du Christ et se donnaient le baiser de paix. ll semble qu'à Jérusalem, dans les premières années de l'Église, les agapes avaient lieu tous les soirs; mais bientôt elles furent réservées pour le dimanche. Cet usage, si louable et si beau dans son origine, dégénéra bientôt en abus. Saint Paul, dans sa première épître aux Corinthiens (I, Cor.,XI, 24, 22) se plaint que déjà de son temps les riches méprisaient les pauvres dans ces assemblées et ne daignaient pas manger avec eux : Lorsque vous vous assemblez, dit-il , ce n'est plus pour manger la cène du Seigneur ; car chacun y mange son souper particulier sans attendre les autres, et ainsi les uns n'ont rien à manger pendant que les autres font bonne chère. N'avez-vous pas vos maisons pour y boire et pour y manger? Ou méprisezvous l'Eglise de Dieu ? Et voulez-vous- faire honte à ceux qui sont pauvres? Que vous dirai-je sur cela? vous en louerai-je? Non, certes, je ne vous en loue point. Il est vraisemblable que ces abus se multiplièrent, que peut-être même ils changèrent de caractère dans les églises formées de païens convertis. Dans tous les cas, ces réunions nocturnes et les formes qu'elles affectaient fournissaient des prétextes à la malveillance des adversaires. Vers la fin du premier siècle ou le commencement du second, on retrancha des assemblées du soir la célébration de la sainte Cène, pour la joindre au culte de la journée. Dès lors, les agapes se trouvèrent négligées, et finirent par tomber en désuétude. Ils furent définitivement abolis au IVe siècle. (E.-H. V.). | |