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Épîtres de saint Paul

On connaît les caractères de la théologie de saint Paul grâce à l'analyse des épîtres ou lettres qui nous sont parvenues sous son nom.

Les Épîtres de saint Paul, sans être des traités didactiques au sens propre du mot, nous présentent sous une forme suffisamment systématique les éléments de ce qui fut la foi de la première Eglise chrétienne. On peut les dégager des circonstances qui ont mis la plume à la main du fongueux propagandiste. Tout d'abord, il faut considérer dans saint Paul l'élève des écoles juives, qui a conservé les doctrines traditionnelles concernant Dieu, la justice, le péché, la prédestination, la doctrine des choses dernières, l'angélologie et la démonologie et notamment l'élection d'Israël. En se rangeant dans le groupe de ceux qui reconnaissaient en la personne de Jésus de Nazareth le Messie prédit par les prophètes, Paul accepte, en sus, le principe d'interprétation des livres sacrés qui prévalait dans les premières communautés nazaréennes ou chrétiennes. La mort de Jésus, le Christ ou Messie, lui apparaît comme le sacrifice par lequel a été consommée la rédemption du genre humain, voué à la mort par le péché du premier couple humain; la résurrection de Jésus est l'acte par lequel la divinité a accepté la rançon offerte pour l'humanité coupable. Ici intervient le dogme ou, plus exactement, la nuance dogmatique propre à l'apôtre des Gentils : pour participer au salut, à la rédemption opérée par le sacrifice de Jésus, victime pure et sans tache, il faut que le fidèle se confonde avec le Christ par un acte de foi. Par une sorte d'identification, à la fois mystique et matérielle, avec le Christ, chaque fidèle meurt avec le Christ pour participer ensuite à la résurrection de ce même Christ. 

Toutes les individualités, en vertu de la foi, s'absorbent et disparaissent dans la personne du Christ pour prendre leur part de la gloire, par laquelle Dieu a couronné le sacrifice de son fils. Tout mérite particulier est nié, tant par la doctrine de la grâce et de l'élection par laquelle Dieu lui-même désigne les participants au salut, que parla doctrine, déjà indiquée, de la foi, qui est opposée à la notion d'une justice obtenue par les oeuvres, c.-à-d. par l'effort personnel. Aussi saint Paul bat en brèche, avec une sorte de rage froide, l'idée que l'on pourrait arriver à la justice, c.-à-d. au salut, par l'exact accomplissement des commandements divins. Par un paradoxe déconcertant, il déclare que la loi de Moïse elle-même n'a eu d'autre effet que de pousser au mal et au péché, dont le sacrifice de Jésus seul peut amener la fin. D'ailleurs saint Paul, pénétré d'une confiance profonde dans le retour imminent du Christ, qui va redescendre du ciel pour procéder au ,jugement de l'humanité, se soucie fort peu d'organiser d'une façon durable les communautés chrétiennes. Il ne voit rien au delà de la foi mystique, qui se manifeste par des phénomènes d'extase. En ce qui touche ses nationaux, les juifs, saint Paul désespère de leur conversion immédiate à l'Évangile, mais nourrit la confiance qu'ils finiront par suivre l'exemple donné par les Gentils. En somme, un seul recours s'ouvre à l'homme pécheur contre l'enfer et la perdition, c'est la justification, non par les oeuvres mais par la foi en Jésus le Christ, fils de Dieu, mort et ressuscité.

La doctrine de saint Paul ne diffère pas essentiellement de celle qui nous est exposée dans les autres livres du Nouveau Testament; pour tous les chrétiens, en effet, quelles que soient leurs tendances plus ou moins judaïsantes, qu'ils essaient de laisser leur importance aux « oeuvres », comme l'épître dite de saint Jacques, ou qu'ils inclinent au dualisme gnostique comme les écrits placés sous le patronage de saint Jean, le fidèle ne peut être sauvé que par la foi en Jésus considéré comme le Christ ou Messie. Mais la notion de la justification par la foi prend dans la théologie de saint Paul un sens subtil et étroit, qui devait provoquer bien des doutes et des protestations lorsque l'ardent tribun n'était plus là pour l'imposer par la véhémence de sa parole, impatiente de n'importe quelle contradiction. Si donc saint Paul a triomphé en apparence, la réalité ne lui a pas été très favorable ; on a employé sa terminologie, mais en la dépouillant de sa rigueur ; on a marié dans la pratique à la foi, qui a surtout consisté en un formulaire doctrinal, les oeuvres ou la pratique, qui excitaient son indignation. Si la réforme religieuse du XVIe siècle a remis la doctrine de saint Paul en honneur, ses préférences ne semblent pas avoir été dictées par une connaissance approfondie du tempérament moyen des fidèles. Un homme de cabinet peut se plaire aux outrances de la dialectique qui fait l'originalité des épîtres de saint Paul; le grand public peut s'intéresser à cette existence errante, à cette nature de missionnaire batailleur, mais on s'en fatigue vite comme de tout ce qui est tendu et excessif. 

Le Nouveau Testament renferme treize lettres ou épîtres qui portent le nom de saint Paul (en dehors de l'Epître aux Hébreux qui est, en réalité, anonyme et ne saurait être attribuée à l'apôtre des Gentils). Sur ces treize lettres, la plus considérable est celle adressée aux fidèles de la communauté de Rome; viennent ensuite deux lettres adressées aux fidèles de Corinthe, et une lettre dont les destinataires sont les chrétiens des églises de la Galatie. L'authenticité de ces quatre morceaux est admise par la quasi-unanimité des critiques, bien qu'on puisse y soupçonner des remaniements et des interpolations d'une certaine importance.

Epître aux Romains. Après une salutation emphatique, l'écrivain définit l'Evangile, qui est la puissance de Dieu pour le salut, parce que l'homme, dépourvu de justice, y trouve par la foi la justice qui vient de Dieu. Si on jette les yeux du côté des païens, on constate qu'ils ont perdu toute justice propre par leurs oeuvres et mérité de la sorte la condamnation de Dieu; l'examen de la situation des juifs amène à un résultat analogue, ce qui nous met en présence de la conclusion d'ensemble : aucun homme, soit juif, soit païen, n'est juste devant Dieu par ses oeuvres. Il faudrait abjurer tout espoir, si l'Evangile n'ouvrait à l'homme, dépourvu de justice, une porte de salut, celle de la justice qui vient de Dieu par la foi en Jésus-Christ. C'est un acte de grâce, qui exclut tout orgueil, tout mérite humain, ce qui n'est pas pour dire que la foi annule la loi de Moïse; tout au contraire, elle confirme cette dernière. C'est ainsi que la foi est seule à procurer la justice qui vient de Dieu et, par suite, la ferme espérance du bonheur éternel. Le développement du péché et le développement de la justice qui vient de Dieu sont parallèles dans l'humanité jusqu'au triomphe de la grâce. Le chrétien, par le baptême, meurt au péché pour ressusciter à une vie nouvelle; le péché cesse de dominer sur le chrétien, parce que celui-ci n'est plus sous le règne de la loi, mais sous celui de la grâce. L'affranchissement de la loi est, en même temps, un affranchissement du péché, le chrétien étant animé d'un nouvel esprit du moment où il est à Christ. Il n'y a plus de condamnation pour le chrétien qui, affranchi de la chair et du péché, est conduit par l'esprit de Dieu; vivant dans l'attente du bonheur éternel, il est soutenu dans sa faiblesse par l'esprit et assuré de l'amour de Dieu. Paul exprime sa douleur à la pensée d'Israël qui reste par sa faute en dehors des grâces de l'Evangile, sans que Dieu se soit montré infidèle à ses promesses; car les Gentils ont obtenu par la foi la justice, tandis qu'Israël s'est heurté au Christ dans son aveuglement coupable, aveuglement qui n'est pas d'ailleurs une chute définitive et prendra fin conformément au plan divin. L'apôtre termine son exposé dogmatique par différentes considérations, appel à la modestie, à l'amour fraternel, invitation à se soumettre aux autorités civiles, indications d'un caractère personnel, recommandations et salutations individuelles.
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Début de l'Epître de Paul aux Romains, dans la Bible d'Alcuin.
Début de l'Epître de Paul aux Romains, dans la Bible d'Alcuin (ca. 800).

Première épître aux Corinthiens. L'apôtre adresse des reproches aux fidèles de l'Eglise de Corinthe sur les divisions religieuses qui les déchirent, sur les scandales causés par le libertinage, sur l'usage de porter les différends devant les tribunaux païens. Il répond à une première question qui lui a été posée relativement au mariage, à une seconde question concernant les viandes immolées aux idoles; il recommande à ce propos de montrer de la condescendance pour les scrupules des faibles. Il donne ensuite des instructions sur la tenue des femmes dans l'Église, flétrit les désordres qui ont gâté les Agapes fraternelles et décrit le mérite des dons spirituels, notamment du don de prophétie, bien préférable au don des langues : ce développement est coupé par une digression éloquente consacrée à la charité (ch. XIII ), dont la note sentimentale s'ajuste mal au contexte. Paul s'élève ensuite avec énergie contre ceux qui nient la résurrection des morts et annonce la transformation surnaturelle qui mettra fin à l'économie actuelle. L'écrit se termine par des recommandations relatives à la collecte en faveur des pauvres de Jérusalem et par des indications d'un caractère personnel.

Seconde épître aux Corinthiens. L'apôtre bénit Dieu de ce qu'il le console dans ses afflictions et l'a délivré d'un danger récent. Ce qui fait sa gloire, c'est qu'il s'est toujours conduit avec loyauté. S'il a ajourné sa visite, c'est pour, épargner les Corinthiens; il rend grâce à Dieu de l'heureuse solution de différentes affaires délicates. Paul fait l'apologie de la manière dont il s'acquitte du ministère de la nouvelle alliance, très supérieur à celui de l'ancienne alliance, sans se laisser décourager par les difficultés de la tâche. Il fait appel à l'affection des fidèles de Corinthe en leur exprimant la joie qu'il ressent de leur repentir, de leur retour à lui et de leur obéissance; il insiste auprès d'eux sur l'importance de la collecte pour les pauvres de Jérusalem. Par un retour en arrière, l'apôtre prend à partie ceux qui se disent du « parti de Christ » et les réfute en faisant l'apologie de son propre ministère; il invite enfin Ies Corinthiens coupables à rentrer dans le devoir pour qu'il n'ait pas à sévir quand il ira chez eux. L'écrit se termine par des salutations.

Epître aux Galates. Cet écrit complète d'une façon très intéressante la série des quatre grandes épîtres de saint Paul. Apprenant que les chrétiens de Galatie sont sur le point d'abandonner le pur EvangiIe, l'Evangile de la grâce et de la foi, l'apôtre insiste sur ce que l'Évangile qu'il a prêché aux fidèles de cette région vient directement du Christ, que son apostolat est légitime en même temps qu'il le rend indépendant des autres apôtres, lesquels d'ailleurs lui ont solennellement rendu hommage à Jérusalem. Il était assez sûr de son bon droit pour reprendre l'apôtre Pierre qui compromettait le principe chrétien C'est par la foi que les Galates ont reçu l'esprit de Dieu; c'est en vertu de cette même foi que les Gentils deviennent fils d'Abraham et héritent des bénédictions promises à celui-ci, il n'est pas possible que la loi mosaïque annule la promesse faite antérieurement à Abraham et à sa postérité; la lui s'interpose entre l'antique promesse et sa réalisation dans L'Evangile afin de préparer ce dernier; la foi venue, la loi, devenue sans objet, est abrogée. 

L'homme sous la loi n'est qu'au pauvre enfant en tutelle; c'est par la foi seule que l'homme devient libre, fils de Dieu, héritier de la promesse. On ne doit pas retourner à ces pauvres rudiments; l'alliance de la loi fait des esclaves, l'alliance de la foi fait des hommes libres. L'apôtre termine par un appel au maintien de la liberté, par des exhortations à l'amour, à l'humilité, à la libéralité, enfin par un dernier avertissement aux partisans de la circoncision.

Un second groupe de lettres comprend les épîtres aux fidèles d'Ephèse, de Philippes, de Colosses, de Thessalonique et un court billet qui a pour destinataire un particulier du nom de Philémon. 

Les lettres aux Thessaloniciens au nombre de deux, et celle à Philémon ont été parfois suspectées; leur contenu dogmatique, tout au moins, ne donne pas prise à de sérieuses objections. Il n'en est pas de même des lettres aux chrétiens d'Ephèse, de Philippes et de Colosses, qui présentent un type de christianisme, apparenté de près au système de saint Paul, mais tendant à s'en détacher par des spéculations, qui semblent appartenir à un stade plus avancé de la pensée chrétienne.

On a, tour à tour, proposé d'y voir des écrits authentiques, fortement remaniés, ou des oeuvres franchement pseudépigraphes.

Epître aux Ephésiens. L'écrivain bénit les destinataires (le mot : chrétiens d'Ephèse, est contesté) de la foi et de la charité qui les distingue; il leur rappelle qu'ils sont sauvés par la grâce de Dieu, celui-ci ayant abattu le mur qui séparait les Gentils du peuple de Dieu, donné aux Gentils comme aux Juifs accès au trône céleste. En conséquence, il les invite à répondre par leur foi à cet amour de Dieu et de Christ et à former par leur amour entre eux et par leur unité un seul et même corps. L'auteur poursuit son exposé par des considérations d'un caractère moral et pratique.

Epître aux Philippiens. Paul exprime aux gens de Philippes l'espérance d'être libéré et de les revoir; en attendant, il les exhorte à la fermeté dans la foi et aux sentiments d'amour, d'humilité et de sainteté. Après les avoir mis en garde contre les judaïsants, il leur adresse des recommandations spéciales.

Epître aux Colossiens. Après des congratulations dans le goût des deux lettres précédentes, I'écrivain glorifie Jésus-Christ et son oeuvre de réconciliation. Qu eles Colossiens, qu'il a instruits, ne se laissent pas détourner de l'Evangile par de fausses doctrines philosophiques et ascétiques. La seconde partie de la lettre renferme des exhortations morales et des recommandations spéciales.

Première et seconde épître aux Thessaloniciens. Paul se félicite de la ferme attente du retour de Christ qui règne chez les fidèles de Thessalonique. Il les exhorte à tenir ferme contre les persécutions des Juifs et prie Dieu de les affermir de nouveau pour le jour de la venue du Seigneur. L'heure de la venue du Christ étant incertaine, il est essentiel d'être vigilant pour ne point se laisser surprendre. 

Paul, se félicitant des progrès que les destinataires font dans la foi et de leur résistance à la persécution, leur fait entrevoir l'heureuse perspective du retour du Christ, qui sera précédé par différentes circonstances dont il les engage à prendre bonne note.

Epître à Philémon. Paul recommande l'esclave Onésime à la bienveillance de son correspondant.

Epîtres pastorales
Si le second groupe des lettres conservées dans le nouveau Testament sous le nom de Paul trouve encore beaucoup de défenseurs, il n'en est pas de même des deux Epîtres à Timothée et de l'Epître le Tite, dites lettres pastorales, parce qu'elles sont adressées à des chefs de communautés et traitent de la direction des églises. 
« Par la plupart des traits qu'elles présentent, elles semblent dépasser l'âge de l'apôtre, accorde  Sabatier lui-même. Hérétiques, constitution de l'Eglise, conception dogmatique, style ecclésiastique, tout mène la pensée au delà de lui. » 

Nous donnerons, comme pour les précédentes, une courte revue du contenu de ces pièces, dont la composition peut être placée dans les dernières années du premier siècle de l'ère chrétienne.
Première Épître à Tirnothée. Paul invite son disciple Timothée à rester à Ephèse pour s'opposer à la propagation des fausses doctrines, qui n'engendrent que disputes et ne vont pas au but de l'Evangile. Cet Evangile a été confié à Paul, qui recommande à Timothée de garder la foi et de combattre pour elle. L'écrivain donne à son correspondant des directions relatives aux prières dans l'Eglise, à la tenue des femmes, aux devoirs de l'évêque et des diacres, par rapport aux fausses doctrines que Timothée doit repousser en étant lui-même un modèle pour les fidèles. Recommandations diverses concernant la direction des fidèles selon leur âge et leur sexe; nouvel avertissement relatif aux faux docteurs et exhortations personnelles adressées au destinataire.

Seconde épître à Timothée. Paul exprime le désir de revoir Timothée dont il se rappelle la foi; il l'invite à ne pas avoir honte de l'Evangile, mais à savoir souffrir pour la foi, selon l'exemple qu'il en a donné lui-même. Il lui donne des conseils pour son ministère et pour sa conduite, conseils d'autant  plus urgents qu'il prévoit des temps difficiles, qui exigeront de la part des ministres de Dieu un redoublement de zèle. Paul termine en annonçant sa mort prochaine; il engage son disciple à venir le retrouver promptement, car il est abandonné de tous.

Epître à Tite. Paul écrit à son disciple Tite pour le guider dans le choix des anciens ou presbytres, dont le rôle est si important dans l'église; il lui indique les exhortations qui conviennent à différentes catégories de personnes. Tite doit rappeler à tous la soumission aux magistrats, la bonté envers tout le monde et la pratique des bonnes oeuvres, ce qui vaut mieux que les disputes théologiques; l'écrivain termine par quelques détails personnels.

Nous avons donné dans ce qui précède les indications, à la fois sommaires et précises, qui fixent les grands traits de la vie et de l'oeuvre de saint Paul, dit l'apôtre des Gentils. Notre tâche sera achevée quand nous aurons rappelé que les travaux concernant le rôle de saint Paul dans le christianisme naissant, l'appréciation exacte de sa doctrine, la discussion des écrits qui portent son nom, ont joué un rôle considérable dans les débats des écoles théologiques au XIXe siècle. Baur, le chef de l'Ecole de Tubingen, a été le premier à faire ressortir l'antagonisme entre le collège des douze apôtres et les prétentions de saint Paul; ses vues, après de longues discussions, ont été adoptées, bien qu'avec restrictions, par la plupart des critiques. De même, le caractère original et exclusif de sa doctrine, avec ses contrastes violents, a été mis au jour pour la première fois. L'aspect sous lequel on envisageait les premières générations chrétiennes a changé du tout au tout; au lieu d'un organisme se développant paisiblement sous une direction ferme, on a distingué des querelles, des rivalités, des conflits acharnés. Le rôle de saint Paul en a paru grandi; on a soutenu que c'était lui qui avait arraché la jeune Eglise à l'ornière de la synagogue pour la jeter sur les terres païennes, où elle était appelée à grandir et à prospérer. Nous avons indiqué plus haut que ce jugement comportait quelques réserves. Paul semble avoir profondément troublé les milieux qu'il a traversés; les qualités moyennes de sang-froid et de mesure, qui caractérisent les organisateurs, lui faisaient complètement défaut. Si l'on se place au point de vue d'une philosophie détachée de tout dogmatisme, on devra faire plus de réserves encore sur les tendances d'une doctrine, qui menace l'homme dans l'usage de son intelligence et dans l'emploi de sa liberté. Paul appartient à la classe dangereuse des passionnés et des fanatiques. Les communautés et les groupes qui se sont particulièrement réclamés de lui, tels que certaines Eglises protestantes, ont pris à son contact des allures d'étroitesse et de rigueur, faites pour écarter les esprits sensés et pratiques. Dans le progrès croissant des idées philosophiques, dont le premier dogme est le respect de l'individu et de sa dignité, il apparaîtra de plus en plus comme une figure digne de curiosité et d'admiration plus que de sympathie et de tendresse. (Maurice Vernes).
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Dictionnaire Le monde des textes
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