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Estampe

Estampe, empreinte que donne, sur du papier ou sur toute autre matière, une planche de cuivre gravée, sur laquelle on a étendu une encre particulière. On disait autrefois image, mot qui ne s'emploie plus que pour les estampes de peu de valeur, et le vendeur d'estampes s'appelait imagier. C'est improprement qu'on dit gravure pour estampe; ainsi, une belle gravure, une gravure vitre en, taille-douce, etc. On emploie encore souvent l'un pour l'autre les mots estampe et épreuve, quand on dit, par exemple, une estampe avant la lettre : une bonne, une mauvaise épreuve s'entend de la manière dont l'estampe a été imprimée, abstraction faite du talent du graveur, auquel se rapporte la qualification de bonne ou de mauvaise estampe. L'art de multiplier la gravure par l'impression rend les plus grands services : les estampes ont sur les tableaux l'avantage d'être plus aisément préservées des injures du temps; elles permettent d'acquérir la connaissance du style et de la manière des artistes, dont les oeuvres sont dispersées dans toutes les parties du monde.

Dans certains arts, on nomme estampe l'objet qui sert à estamper, c.-à-d. à donner à une pièce une forme en l'empreignant sur cet objet, tandis que, dans l'acception la plus ordinaire, c'est le produit de l'estampage ou de l'impression.

L'art de la gravure et l'art d'imprimer une planche gravée ne sont pas contemporains l'un de l'autre : les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont fait des gravures, mais ils n'ont pas su en tirer des épreuves. Il parait que les Indiens et les Chinois imprimaient des étoffes dès les temps les plus reculés; mais on ne sait si les procédés d'impression furent apportés de chez eux en Europe ou si on les a inventés de nouveau. Dès le commencement du XVe siècle, on tirait de gravures sur bois certaines estampes grossières , puisqu'on possède une image de St Christophe avec la date de 1418, et que déjà on imprimait des cartes à jouer. 

Bientôt l'orfèvre florentin Maso Finiguerra imagina d'imprimer des planches de métal gravées et d'en tirer des estampes : l'abbé Zani trouva à Paris, en 1797, une épreuve de la Paix d'argent niellé que cet artiste exécuta en 1452 pour le baptistère de Florence. Peregrini et Matthieu tirèrent à leur tour quelques épreuves de nielles; puis, Baccio Baldini, Ant. Pollajuolo, Andrea Mantegna, Nicolas Rosex, Robetta, François Raibolini dit Francia, et Marc-Antoine Raimondi gravèrent des planches de plus grande dimension, dans l'intention de publier des estampes. On connaît des estampes allemandes qui datent de 1466; mais, en Allemagne, on n'avait pas commencé par des nielles, et l'impression des estampes y reçut de telles améliorations, que les graveurs revendiquèrent l'honneur de la découverte due aux Italiens. Le succès des estampes inspira aux typographes la pensée d'en orner leurs éditions. La lithographie a fourni une nouvelle nature d'estampes.

Cabinets d'Estampes. Ce n'est que dans le XVIIe siècle qu'on pensa à former des collections d'estampes. Le plus ancien cabinet paraît avoir été celui de Claude Maugis, abbé de St-Ambroise de Bourges, et aumônier de Marie de Médicis en 1612. Vers le même temps, d'autres collections furent formées par Sauveur d'Iharse, évêque de Tarbes, par Ant. de Hénin, évêque d'Ypres, et par Jean de Lorme, 1er médecin de Marie de Médicis. Ce dernier acheta ce qu'il y avait de plus précieux dans le cabinet de Maugis, et sa collection, après avoir passé par les mains de l'abbé de Marolles, fut acquise par Louis XIV : elle contenait près de 125 000 pièces en 440 volumes, et forme aujourd'hui une partie importante du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Le surintendant Fouquet avait aussi collectionné des estampes : une partie, après avoir appartenu à l'abbé de Tersan, a fait retour en 1820 à cette bibliothèque. De Gaignières, gouverneur des petits-enfants de Louis XIV, réunit une grande quantité d'estampes, qu'il céda au roi en 1711. Bégon, intendant de la marine à Rochefort, en recueillit aussi, que son petit-fils vendit à Louis XV en 1770. Ce prince acquit également en 1731 la collection du marquis de Beringhen, 1er écuyer de Louis XIV, et, en 1753, celle du maréchal d'Uxelles, qui avait passé à Lallemand de Betz. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale compte aujourd'hui 1 200 000 pièces environ , renfermées dans près de 8 000 volumes ou portefeuilles. 

Parmi les collections formées au XVIIIe siècle par des particuliers, et qui furent dispersées après eux, on cite celles de l'ébéniste Boule, du graveur Israël Silvestre, du duc de Tallard, de Clérambault, de Potier, de Quentin de Lorangère, de Dezallier d'Argenville, de Mariette, de Vence, de Cayeux, de Nau , de Brochant, de Neyman, de Paignon-Dijonval, de Charles de Valois, de Leffroy de Saint-Yves, de Basan, de Borduge, de Nitot dit Dufresne, du graveur Prévost, du peintre Pallière, du comte Rigel, de Durand. 

Au XIXe siècle on a remarqué celles de Denon, Devoix-Gatteau, Revil, Robert, Duméril, Scitivau, Maron, Debure, etc. Les Bibliothèques de Dijon et de Besançon ont de belles collections d'estampes. - Il y a aussi de beaux cabinets dans les pays étrangers. La collection de Vienne fut commencée en 1718 par le prince Eugène de Savoie, et mise en ordre par Mariette. Le cabinet des estampes de Dresde, fondé vers 1700 par le roi Auguste II, doit son principal éclat à Auguste III. Une collection commencée vers 1780 par Van Leyden, et achetée par le gouvernement hollandais en 1810, a été le premier fonds du cabinet d'Amsterdam. Le cabinet d'estampes que possède le British Museum à Londres a pour bases les collections formées par Monro et Cracherose; il reçut un accroissement considérable par un legs de Georges III, qui lui laissa la collection faite par la reine Caroline. 



En bibliothèque - Duchesne, Voyage d'un iconophile, Revue des principaux cabinets d'estampes d'Allemagne, de Hollande et d'Angleterre, Paris, 1834, in-8°. 
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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