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Rochefort

Rochefort  (Rupifortium) ou Rochefort-sur-Mer est une ville de France, dans le département de la Charente-Maritime. Population : 25 800 habitants. Sur la rive droite de la Charente, à 17 km de son embouchure, entre la pointe d'Enet et celle des Palles, en droite ligne, 27 km en suivant ses détours. Rochefort est bâti à l'extrémité Sud d'une colline du grès vert, étage cénomanien, qui, partant du Breuil-Magné, à 5 km, vient se terminer, en s'abaissant, à peu de distance de la Charente. Le côté Nord de la ville est plus élevé que le côté Sud.

Monuments.
La ville de Rochefort a des rues bien tracées, larges, et, pour quelques-unes, plantées d'arbres. Le plan en fut tracé par l'ingénieur Blondel; les remparts ont été construits en 1675. Ce sont des fortifications sans ouvrages extérieurs, qui pouvaient tout au plus garantir d'une surprise. Cinq portes donnent accès dans la ville : au centre, la place Colbert (ancienne place des Capucins), carrée et plantée d'arbres, est décorée d'une fontaine que surmonte un groupe représentant la Charente et l'Océan. En face de l'Hôpital de la marine, superbe allée des cours d'Ablois (1782) et Roy-Bry, à l'extrémité de laquelle on voit la Vieille-Paroisse, ancienne église dédiée à saint Roch, du XIe siècle, curieuse au point de vue archéologique.

Histoire.
L'emplacement de la ville, entourée d'alluvions marines récentes, était baigné de tous côtés par la mer, sauf dans la partie Nord-Ouest où il se continuait vers le Breuil sur le même îlot crétacé. Au Nord et au Sud, les marais se rapprochent de la ville à la toucher, et à l'Est ils n'en sont séparés que par la rivière. Une forêt entourait Rochefort depuis les points occupés actuellement par l'hôpital de la marine et le village de Marseille jusqu'au Breuil-Magné; il en reste des vestiges (bois de Chartres, bois Rambeau, de Plantemore, etc.

Ce n'est qu'en 1047 que l'on voit figurer dans les chartes le nom d'un baron de Rochefort, Fuscaldus de Rupeforti, mais comme c'était un seigneur puissant, ayant droit de châtellenie, et qu'une église paroissiale existait là dès 1050, le château devait remonter à une date plus lointaine; sans doute, un castrum destiné à protéger l'entrée du fleuve contre les incursions des Vikings (IX siècle). En 1096, une autre charte mentionne Hugo dominus Rocafortis. Des chartes diverses du XIIIe siècle montrent comme possesseurs du château des membres de la famille de Mauléon, l'une des branches des seigneurs de Châtelaillon (Castellum Alonis). Cette châtellenie fut incorporée à la couronne en 1307 par Philippe le Bel, et le nom des seigneurs de Rochefort s'éteignit. 

Le château de Rochefort-sur-Charente appartint successivement aux rois de France et d'Angleterre. Durant les Guerres de religion, il fut pris et repris par les deux partis, de 1570 à la fin du XVI siècle. En 1594, la terre de Rochefort, réunie au domaine, fut donnée à Adrien de Lozeré, premier valet de chambre du roi, dans la famille duquel elle est restée jusqu'en 1665. Louis XIV, ayant fixé sur ce point l'établissement d'un arsenal maritime, on pensa d'abord à racheter le château et ses dépendances, appartenant au sieur de Cheusses, gentilhomme protestant, qui avait épousé la petite-fille de Lozeré. Sur son refus, Colbert de Terron, ayant appris que cette terre avait été aliénée de la couronne, la retira de la part du roi. La famille de Cheusses ne fut jamais remboursée. On ignore l'époque précise où le château de Rochefort a disparu. Quant à l'emplacement qu'il occupait, on a trouvé ses fondations dans les fouilles pratiquées en 1895 pour la reconstitution de la préfecture maritime. L'altitude en cet endroit est de 8 m; c'était le bord d'une falaise.

Pour le nouveau port de guerre, ce ne fut qu'après avoir jeté les yeux sur la Seudre et Brouage que l'on se détermina pour la Charente, et, sur ce fleuve, pour l'emplacement du château de Rochefort. Colbert confia à son cousin Colbert de Terron la mission de fonder le port et la ville. La prise de possession eut lieu en mai 1666. Deux années à peine s'étaient écoulées et déjà le port était pourvu des établissements nécessaires et pouvait mettre à l'eau de grands vaisseaux. Cette activité permit à Rochefort de jouer un rôle important dans la guerre de Hollande (1672), sous d'Estrées contre Ruyter, et de repousser la tentative de l'amiral Tromp. Tandis que la cité se développait en même temps que le port et se peuplait, des épidémies frappaient cette agglomération hâtive, sans compter les endémies dues aux marécages. On construisit un premier hôpital en 1673. La question la plus urgente était celle de l'assainissement de la contrée. Entrepris vers 1783, achevé en 1805. 

Après la retraite de Colbert, et sous l'administration du deuxième intendant, de Muier (1674), la ville fut entourée de fortifications, que Vauban vint visiter en 1684. Vers cette époque, la première école navale fut fondée à Rochefort : c'étaient d'abord les Cajacs, puis les Vermandois, licenciés, puis rétablis en 1683 sous le nom de gardes de la marine. Sous l'intendant Bégon, Rochefort déploya pour ses armements une grande activité dans la nouvelle lutte contre l'Angleterre et la Hollande, avec les flottes de Château-Renaud et de Tourville (1690). On travailla aussi aux défenses pour couvrir Rochefort, si bien que l'escadre anglaise, commandée par lord Barcklay, n'osa pas aller au delà de l'île de Ré. Une nouvelle tentative eut lieu en 1703. Sous Louis XV l'activité se dirigea vers les spéculations com merciales, et le port de la Cabane-Carrée prit naissance. En 1765, création du bagne; visites de l'empereur Joseph II et du comte d'Artois, en 1777, et de Lafayette, qui s'embarqua à Rochefort, le 11 mars 1780, pour l'Amérique; fondation de l'hôpital de la marine en 1785.

La Révolution (1789) et les guerres qui s'ensuivirent donnèrent au port une nouvelle activité. Malheureusement, la Terreur y fit son oeuvre sanglante avec les proconsuls Laignelot et Lequinio et le bourreau Hentz. En 1808 visite de l'empereur et ses projets de défenses du port. L'année suivante survint le désastre maritime dit l'Affaire des brûlots (avril 1809). Le 3 juillet 1845, Rochefort voyait de nouveau entrer dans ses murs Napoléon, mais cette fois vaincu et partant pour l'exil. 

Rochefort a vu naître : les amiraux La Galissonnière (1693-1756), La Touche-Tréville (1745-1804) et Rigault de Genouilly (1807-1873), le chirurgien Clémot (1776-1852), le Dr Savigny, naufragé du radeau de la Méduse; le naturaliste Lesson (1794-1849), les peintres Gauffier (1761-1801), Audebert (1759-1829), le chimiste Grimaux (1835-1900), le romancier Julien Viaud (Pierre Loti), né le 14 janvier 1850, mort en 1923.

Armoiries
Jadis : D'azur à un rocher d'or mouvant de la pointe de l'écu sommé d'une fleur de lis d'or. Actuellement : Coupé, au premier parti, à dextre des villes de seconde classe, qui est d'azur, à une étoile rayonnante d'or, à senestre d'or, à la roche de sable sommée d'un fort du même; au deuxième de sable, soutenu d'une rivière en champagne d'argent, chargé d'un vaisseau d'or brochan sur le tout. (Ch. Delavaud).

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Dictionnaire Villes et monuments
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