|
Les
Caïnites sont une secte gnostique,
tirant probablement son nom de ses doctrines sur
Caïn. Ces doctrines avaient un grand rapport
avec celles des Ophites. Selon les Caïnites,
le Dieu de la Bible,
le créateur du ciel et de la terre
et Dieu des Juifs, était un dieu d'une nature très imparfaite,
rempli d'ignorance et d'orgueil. En conséquence, les Caïnites
trouvaient la perfection dans l'opposé de la révélation
juive et honoraient les personnages que la Bible avait stigmatisés.
En premier lieu, Caïn qui, en donnant la mort à son frère
Abel, avait montré que la puissance dont
il tenait sa force était d'un ordre supérieur à celle
qui protégeait Abel, c.-à-d. à Yahveh,
le Dieu des Hébreux; puis Ésaü, les habitants de Sodome,
Coré et ses compagnons au sujet desquels ils avaient écrit
toute une légende. Judas l'Iscariote était aussi tenu
en honneur par les Caïnites; s'il trahit son maître, c'est qu'il
savait que sa trahison était nécessaire au salut du genre
humain; si on l'a noté d'infamie dans les Évangiles,
c'est que les autres apôtres le haïssaient
parce qu'il avait connaissance de vérités
supérieures qui ne leur avaient pas été révélées.
Ils avaient des livres
apocryphes dont l'un, au témoignage
de saint Epiphane de Chypre,
se nommait l'Ascension de Paul, et où l'on décrivait
toutes les merveilles et tous les secrets que l'apôtre Paul avait
vus et appris, lorsqu'il fut ravi au troisième ciel. On a souvent
accusé les Caïnites d'immoralité; ils auraient exactement
pratiqué le contraire des lois juives et auraient même placé
chacune de leurs pratiques immorales sous la protection particulière
d'un ange. Comme ces pratiques étaient
fort nombreuses et que les anges ayant une dénomination distincte
le sont assez peu, les Caïnites avaient inventé, paraît-il,
des noms angéliques, et ils invoquaient cet ange au moment où
ils se livraient à quelque acte d'immoralité.
Selon leur expression,
c'était avoir la gnose parfaite. On a très peu de renseignements
sur la doctrine et l'existence des Caïnites. Ils commencèrent
probablement d'apparaître dans les premières années
du second siècle et un siècle plus tard, saint Hippolyte,
dans son Hérésiologie, ne les jugea pas dignes d'être
réfutés en forme, d'où l'on peut conclure qu'ils n'avaient
ni vogue, ni influence, s'ils n'étaient pas complètement
disparus. (A19). |
|