Extrait de la Princesse d''Élide Le Bouffon, l'Écho et l'Ours [ Voici une partie du premier intermède, où paraît Moron, bouffon de la princesse, et fort poltron]. PREMIER INTERMÈDE Scène II Moron, un Écho L'ÉCHO. - Philis. MORON. - Ah! L'ÉCHO. - Ah. MORON. - Hem. L'ÉCHO. - Hem. MORON. - Ah! Ah! L'ÉCHO. - Ah. MORON. - Hi, hi. L'ECHO. - Hi. MORON. - Oh! L'ÉCHO. - Oh. MORON. - Oh. L'ÉCHO. - Oh. MORON. - Voilà un écho qui est bouffon. L'ÉCHO. - On. MORON. - Hon. L'ÉCHO. - Hon. MORON. - Ah! L'ÉCHO. - Ah. MORON. - Hu. L'ÉCHO. - Hu. MORON. - Voilà un écho qui est bouffon. Scène III MORON, apercevant un ours qui vient à lui. Ah! Monsieur l'ours, je suis votre serviteur de tout mon coeur. De grâce, épargnez-moi. Je vous assure que je ne vaux rien du tout à manger, je n'ai que la peau et les os, et je vois de certaines gens là-bas qui seraient bien mieux votre affaire. Hé! hé! hé! Monseigneur, tout doux, s'il vous plaît. Là (il caresse l'ours et tremble de frayeur), là, là, là. Ah! Monseigneur, que votre altesse est jolie et bien faite! Elle a tout à fait l'air galant et la taille la plus mignonne du monde. Ah! beau poil, belle tête, beaux yeux brillants et bien fendus! Ah! beau petit nez! belle petite bouche! petites quenottes jolies! Ah! belle gorge! belles petites menottes! petits ongles bien faits! (L'ours se lèche sur ses pattes de derrière.) A l'aide! au secours! je suis mort! Miséricorde! Pauvre Moron! Ah! mon Dieu! Hé! vite, à moi, je suis perdu. (Moron monte sur un arbre... Les chasseurs paraissent). Eh! Messieurs, ayez pitié de moi (Les chasseurs combattent l'ours.) Bon! Messieurs, tuez-moi ce vilain animal-là. O ciel! daigne les assister! Bon! le voilà qui fuit. Le voilà qui s'arrête, et qui se jette sur eux. Bon! en voilà un qui vient de lui donner un coup dans la gueule. Les voilà tous à l'entour de lui. Courage, ferme, allons, mes amis! Bon! poussez fort! Encore! Ah! le voilà qui est à terre; c'en est fait, il est mort! Descendons maintenant pour lui donner cent coups. (Moron descend de l'arbre). Serviteur, Messieurs, je vous rends grâce de m'avoir délivré de cette bête. Maintenant que vous l'avez tuée, je m'en vais l'achever, et en triompher avec vous. (Moron donne mille coups à l'ours qui est mort). (Molière, La Princesse d'Elide). |