|
On appelait vers
fescennins une poésie grossière, initialement dans un
dialecte falisque (Langues
italiques anciennes), proche du latin, et dont le nom venait
soit de ce que, selon Festus Avienus, les vers
dont elle était composée préservaient du mauvais oeil,
en latin fascinum, soit plutôt de ce que, dans les fêtes
où on les chantait primitivement, figurait un Priape,
en latin fascinum, ou, comme l'avancent Festus et Servius,
de ce qu'ils avaient pris naissance dans la ville de Fescennium. En effet,
l'atellane,
comédie grossière, cultivée par les premiers Romains,
tire aussi son nom d'une ville : Atella. Les vers fescennins étaient,
dans l'origine, un échange d'injures rustiques. Virgile
nous parle (Géorgiques,
II, 385)
" des vers grossiers
et du rire effrené des laboureurs italiens".
Horace dit en
substance (Epîtres
II, 1, 139, sqq.) que les laboureurs d'autrefois, après la moisson,
répandaient en vers dialogués leurs outrages rustiques, et
que la licence diffamatoire de ces propos devint telle qu'on dut porter
une loi contre ceux qui attaqueraient les particuliers. Cette loi existe
: c'est la loi des XII tables,
et Cicéron nous a conservé le texte
auquel Horace fait allusion.
Aux approches de l'ère chrétienne,
les vers fescennins sont devenus un genre littéraire. Nous en connaissons
d'Octave, nous en possédons d'Ausone
et de Claudien. On les chantait aux noces, et,
de leur origine, ils avaient gardé quelque chose de cette grossièreté,
qui, encore au siècle d'Auguste, plaisait
tant aux Romains les plus distingués, cf. Horace,
Satires, I, 5, sur le voyage à Brindes),
et dont, plus tard, se plaint Ausone. |
|