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Abou-Zeyd, titre d'un roman' arabe très populaire en Égypte, où il est récité dans les cafés par des conteurs qui reçoivent le nom d'Abou-Zeydiya. Ce livre est un mélange de prose et de vers, moitié narration, moitié drame. Les conteurs, dont il y en a cinquante au Caire qui n'ont pas d'autre répertoire, chantent les passages versifiés; après chaque vers ils jouent quelques notes sur le monocorde, instrument qu'on appelle la viole d'Abou-Zayd.

Les événements mis en scène dans l'Abou-Zeyd se rapportent au IXe siècle de notre ère, et les principaux personnages sont nés dans l'Arabie centrale et au Yémen. Voici une analyse rapide de ce roman :

L'émir Risk, de la tribu des Benou-Hilâl, avait eu dix femmes, sans obtenir d'autre postérité mâle qu'un enfant sans bras et sans jambes. II en épousa une onzième, Khoudra, fille du chérif de la Mecque. Elle devint enceinte. Un jour, en se promenant, elle voit un oiseau noir qui fond sur d'autres oiseaux et en tue un grand nombre. Elle prie Dieu de lui donner un fils aussi fort et aussi vaillant, dût-il être noir comme l'oiseau. Elle donne, le jour à un enfant noir, qui fut appelé Abou-Zeyd. On se figure le désappointement et les soupçons de l'émir, qui renvoie sa femme avec son enfant chez le chérif de la Mecque. Pendant le voyage, Khoudra s'arrête, ne voulant pas encourir la colère de son père. Une troupe de cavaliers arrive; le chef écoute avec compassion les aventures de Khoudra, la recueille, et élève son fils. Barakat (c'est le nom que son père adoptif lui donne ) montre dès le bas âge une force extraordinaire; à onze ans, il possède toutes les sciences divines et humaines qu'on étudiait alors chez les Arabes, y compris l'astrologie, la magie et l'alchimie. Arrivé à l'adolescence, il fait la guerre avec gloire aux tribus voisines. Un jour il interroge sa mère sur, son histoire : celle-ci, pour se venger de son époux, lui dit que l'émir Risk est l'auteur de tous ses malheurs. Le jeune héros le cherche, lui fait la guerre, le bat, et va le tuer, lorsque Khoudra prévient un parricide en lui dévoilant la vérité. Risk et Barakat se reconnaissent. Khoudra rentre au harem de son époux, qui lui rend son amour, et Barakat reprend le nom d'Abou-Zeyd.Dans la suite du roman, on trouve des aventures très nombreuses et très compliquées. Le morceau le plus populaire de l'ouvrage est le récit de l'expédition connue sous le nom de Riadiya. Abou-Zayd, déguisé en esclave, accompagne ses trois neveux qui ont pris le costume des conteurs. Ils parcourent ensemble l'Afrique septentrionale, et se signalent par d'incroyables exploits contre la tribu d'Ez-Zenatiya.

Comme composition littéraire, l'Abou-Zeyd a un faible mérite, du moins dans son état actuel, et avec les altérations que les copistes ont fait subir aux manuscrits; comme monument des moeurs et des usages des Arabes bédouins, il n'est ni sans valeur, ni sans intérêt. On croit qu'il fut écrit vers le IXe siècle; mais il y a lieu de penser qu'il a été composé plus tard, à moins que le texte primitif n'ait été altéré dans les transcriptions successives qu'on on en a faites. Cet ouvrage forme ordinairement 10 petits vol. in-4°, et quelquefois plus, suivant le format des manuscrits. (G. Duga).



En bibliothèque - L'Égypte du P. Laorty-Hadji, et la Revue de Paris du 1er déc. 1855.
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Dictionnaire Le monde des textes
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