| On donnait, chez les Anciens, surtout chez les Romains, le nom de style asiatique, au style enflé, mais vide, pompeux, mais sans goût et sans mesure. On l'opposait à l'atticisme. Le nom de style ou genre asiatique est venu de ce qu'après s'être répandue dans les cités et dans les grands États grecs de l'Asie, l'éloquence athénienne, subissant l'influence, prit peu à peu une teinture orientale, perdit sa sobriété et sa vigueur, devint surabondante et lâche, et préféra souvent la pompe des mots, une molle élégance, et d'ingénieuses combinaisons d'idées, à ce style précis, ferme, naturel, plein de goût, à cette harmonie parfaite entre les expressions et les idées ou les sentiments, qui fait le caractère distinctif des bons écrivains d'Athènes. Plus tard ce nom s'appliqua aux écrivains étrangers à l'Asie, dont les ouvrages offraient quelques-uns de ces défauts. Ainsi Cicéron qualifie d'asiatique le style de l'historien Timée, auquel il reproche de rechercher la symétrie plutôt que la gravité des pensées, et là finesse gracieuse plutôt que la solidité du trait. Il reproche également à l'orateur Hortensius d'avoir plus de douceur et d'agrément que de force, de naturel et de vérité, et de prodiguer les traits sentencieux et brillants. L'influence asiatique est sensible dans les Pères de l'Église grecque, et les plus beaux chefs-d'oeuvre de Jean Chrysostome ne sont pas exempts de cette pompe fleurie, de cette redondance, de ces faux brillants qui caractérisent le genre asiatique. (P.). | |