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Paris : XVIe arrondissement 
Passy
Moins de 300 mètre de Seine à franchir, et le décor a changé complètement entre le XVe et le XVIe arrondissement. D'une rive à l'autre, la physionomie des deux arrondissements est aussi différente que s'ils étaient chacun à une extrémité de la ville. Leur seule ressemblance est d'être tous deux les plus grands de Paris; le XVe arrondisseinent a 721 hectares, le XVIe, dit Passy, en a 709, alors que le plus petit, qui est le Ile, n'en a que 97.

Aux quartiers industriels ont succédé les massifs d'arbres; aux immeubles modestes, de coquettes villas ou de hautes maisons, dénonçant, par leur luxe extérieur, celui du dedans; aux rues populeuses, des voies tranquilles, ou de somptueuses avenues.

Si l'on classait les arrondissements de Paris dans l'ordre de leur richesse foncière, le VIIIe aurait sans conteste la première place, le XVIe disputerait la seconde au faubourg Saint-Germain, et l'emporterait bien probablement. On ne s'étonnera pas qu'il soit parmi les moins peuplés, et aussi que ses rues soient bien peu animées.

Le XVIe arrondissement est formé par les deux anciennes communes d'Auteuil et de Passy et la majeure partie de l'ancien faubourg dit de la Conférence ou de Chaillot; mais, à partir des dernières décennies du XIXe siècle, les Parisiens du centre y ont commencé à s'y fixer.

Auteuil.
Auteuil (Autolium), qui était autrefois village du département de la Seine, réuni a Paris en 1860, doit son nom, d'origine celtique, à la colline peu élevée où il est situé sur la rive droite de la Seine. L'abbaye de Sainte-Geneviève de Paris possédait la terre d'Auteuil; elle y avait un manoir seigneurial, un maire, et y récoltait des vins en assez grande quantité. Au XVIIe siècle, les Parisiens commencèrent à bâtir des maisons de campagne dans cette jolie localité : qu'il nous suffise de rappeler les noms de Boileau, de Chapelle, de Molière pour évoquer les souvenirs et les anecdotes qui se rapportent à ces habitations. Au XVIIIe siècle et pendant la Révolution, Auteuil demeura la retraite préférée des littérateurs et des savants (Société d'Auteuil) : nous nommerons surtout Helvétius, puis sa veuve, morte en 1800, Turgot, Cabanis, Franklin, Condorcet, etc. A la fin du XIXe siècle encore, Auteuil conservait la vogue, et son territoire était occupé par des villas plus nombreuses et plus coquettes chaque année. A la suite de la loi qui divisait la France en départements, Auteuil devint une commune du canton de Passy et du district de Saint-Denis; plus tard, le chef-lieu de canton fut transporté à Neuilly; enfin, la loi de 1859 qui annexait à Paris les communes situées entre l'ancienne enceinte et la zone des fortifications fit d'Auteuil un des quartiers du XVIe arrondissement.

L'église d'Auteuil a été reconstruite de 1877 à 1886 par Vaudremer; elle est surmontée d'un clocher d'une forme insolite qui rappelle le clocher de l'ancienne église datant du XIIe siècle. En avant de cet édifice savait une pyramide, de proportions fort modestes, élevée en l'honneur du chancelier d'Aguesseau en 1753 et restaurée sous le premier empire. Plusieurs maisons de retraite ou de bienfaisance ont été fondées à Auteuil : les deux principales sont la maison dite de Chardon-Lagache, du nom de ses créateurs, et celle de Sainte-Périne ainsi appelée parce que cet établissement fut d'abord installé dans le couvent de Sainte-Périne de Chaillot.

Les eaux ferrugineuses d'Auteuil ont été connues pour avoir une certaine efficacité pour l'anémie et la chlorose; on pense que leur présence dans les couches profondes du sol est due aux infiltrations de la Seine; elles sont chargées, en proportions inégales, de chlorures de magnésium et de sodium et de sulfate de chaux. 
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Passy et Chaillot.
Passy et Chaillot vus depuis Grenelle, par Charles Grevenbroeck (XVIIIe s.).

Chaillot.
Chaillot était un village de la banlieue de Paris. Le bourg de Chaillot existe depuis une époque très reculée. Sous son nom primitif de Nimio ou Nigeon, on le trouve mentionné dès le VIIe Siècle. L'abbé Lebeuf pensait que son nom ultérieur de Chaillot vient d'un radical celtique, cal, signifiant défrichement de forêt, et indique par là que les premiers habitants du lieu se seraient établis dans un canton défriché de l'antique forêt de Rouvray (bois de Boulogne). Le même auteur a dressé une liste aussi complète que possible des différents seigneurs de Chaillot, parmi  lesquels nous citerons les Arrode, Louis, duc d'Orléans, Philippe de Commines, les Boulainvilliers. Au moment de la Révolution, la seigneurie était possédée par les dames de la Visitation établies à Chaillot par Henriette de France, reine d'Angleterre. Ce ne fut pas la seule communauté qui ait existé en ce lieu. Anne de Bretagne y avait fondé un couvent de minimes qui, jusqu'à leur suppression en 1790, s'appelèrent minimes de Nigeon, du nom ancien de la localité. II y avait aussi un couvent de religieuses augustines auquel fut réunie, vers 1750, l'abbaye de Sainte-Périne fondée à la Villette. En 1659, un arrêt du Conseil érigea Chaillot en faubourg de Paris sous le nom de faubourg de la Conférence. Laissé presque entièrement en dehors de la ville par l'enceinte de Louis XVI, il n'y a été renfermé qu'en 1840 et définitivement annexé en 1860. Il correspond a peu près au quartier des Bassins dans le XVIe arrondissement. 

Porte-Dauphine.
Sous le règne de Louis XVIII, toute la région qui s'étend au nord de l'avenue Henri-Martin était encore absolument inhabitée; on l'appelait la plaine de Passy, plusieurs chemins vicinaux la traversaient. Des spéculateurs y jeterent les yeux en 1825; l'avenir a prouvéé qu'ils n'avaient pas tort.

Le nouveau quartier reçut un nom assez singulier : l'Elysée-Charles (toujours la flatterie au pouvoir). Il fut tout d'abord doté de deux larges avenues se coupant à angle droit « l'avenue de SaintCIoud, allan t de l'Arc de Triomphe à Saint-Cloud par le bois de Boulogne, et l'avenue de Saint-Denis, allant de la Carrière Sainte-Marie ou du Trocadéro au chemin de la Révolte ». C'est ainsi que les désigne, au cours de sa session de 1828, le conseil d'arrondissement de Saint-Denis, qui émet le voeu que la première soit classée, dès l'année suivante, comme route départementale, et que la seconde le soit également « dès qu'elle aura été cailloutée par la Compagnie de la plaine de Passy ». (Archives de la Seine, procès-verbal manuscrit). Le lecteur y
aura reconnu les avenues Victor-Hugo et Raymond-Poincaré (ancienne avenue de Malakoff). Il semblerait que leur point d'intersection (place Victor-Hugo) ait dû être choisi comme centre géométrique de l'Elysée-Charles. Non, ce fut le rond-point de Longchamp, où se coupent les rues de Longchamp et des Sablons. C'est là qu'en avril. 1829 - les délibérations du conseil municipal de Passy l'attestent - fut érigé un arc de triomphe sous lequel passa le roi à son retour de Lunéville. Après Charles X, l'Élysée-Charles perdit naturellernent son surnom et même son nom.

Passy
Passy (Paciacum) était autrefois un village du département de la Seine, réuni à Paris en 1860. Déjà mentionné dans une charte de 1250, Passy dépendit longtemps d'Auteuil, et la chapelle de l'Annonciation, construite vers 1666, ne fut d'abord que la succursale de la paroisse de ce bourg voisin. Erigée en cure en 1672, elle existe encore aujourd'hui, mais a été depuis 1848 entièrement remaniée. En 1854, Saint-Honoré d'Eylau a été créé, sur les plans de Debressenne, pour desservir la plaine de Passy, nom donné à la partie occidentale du village.

Le dernier seigneur de Passy fut le fameux marquis de Boulainvilliers, dont le château s'élevait sur l'emplacement actuel de la rue de ce nom et des voies adjacentes. Une autre maison seigneuriale, construite au XVIIe siècle pour le duc de Lauzun, et qui appartint plus tard à la princesse de Lamballe, devint la la maison de santé fondée par le Dr Blanche. A Passy fut installé, vers 1755, le cabinet de physique du roi. Très en faveur au XVIIIe siècle, c'est à Passy encore que Franklin habita : d'où le nom de Franklin donné, lors de la construction des barrières, à celle qui s'ouvrait un peu au delà du pont d'Iéna. 

En 1790, Passy devint le chef-lieu d'un canton dont Auteuil et Boulogne étaient les deux autres communes, et le resta jusqu'à l'an XIII où ce titre passa à Neuilly. Le parc du Ranelagh tire son nom d'une salle du bal fondée, vers 1774, en imitation de celle qu'avait, près de Londres, établie lord Ranelagh. Les eaux minérales de Passy eurent une certaine vogue au milieu du XVIIIe siècle; le pittoresque passage des Eaux en rappelle à la fois le souvenir et l'emplacement. Les eaux minérales de Passy sont des une eau sulfatée ferrugineuse froide, employée en boisson dans le traitement de la dyspepsie et de la chlore-anémie. L'exploitation commerciale de ces eaux a pris fin à l'époque où les sources sont devenues la propriété de la famille Bartholdi. Elles sont situées quai de Passy, n° 62. C'est à Passy qu'est né Paul de Kock; qu'ont demeuré Nicolas Brazier, Orfila, Béranger; que sont morts Rossini, Lamartine, Jules Janin, Henri Martin, G. Nadaud. 
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Paris : le Palais de Chaillot.
Le palais de Chaillot. Au fond, le quartier de la Défense. Source : The World Factbook.

Muette.
Dans le quartier de la Muette, s'élève le château de la Muette, restauré avec son caractère du XVIIIe siècle, qui ne fut d'abord qu'un pavillon abritant une meute de chasse (d'où son nom), et sur les pelouses duquel eut lieu, en 1783, l'expérience aérostatique de Pilâtre des Roziers, et, en 1790, le banquet des 25 000 fédérés. On peut également voir dans le quartier, rue de la Tour (n° 86), une tour restaurée du XIVe siècle. Le palais de Chaillot est situé à la limite de ce quartier et de celui de Chaillot. (F. Bournon).

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Dictionnaire Villes et monuments
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