| Il était impossible de choisir pour le XVe arrondissement, dit de Vaugirard, une dénomination plus exacte, que celle qu'il a reçue : Vaugirard. Dans toute la région, nul monument marquant, tandis que s'imposait le souvenir historique d'un très ancien village dont le territoire, annexé en 1860, a constitué les sept huitièmes de l'arrondissement. Seule une partie du quartier Necker provient l'ancien Paris de Louis XV, et Grenelle même ne fut qu'un démembrement de la commune de Vaugirard, dont le souvenir persiste aussi avec le nom de la longue rue de Vaugirard, qui traverse cet arrondisement de part en part et se poursuit dans le VIe' arrondissement. Cette localité était, vers 1200, appelée Valboitron ou Vanboitron; la forme Vaugirard (Vallis Gerardi) se rencontre à partir de 1258. C'était une dépendance d'Issy, avec lequel elle formait une seigneurie appartenant à l'abbaye de Saint-Germain des Prés. En 1348, elle eut une paroisse; l'église; placée au XVe siècle sous l'invocation saint Lambert, fut reconstruite de 1848 à 1853. Avant la Révolution, son territoire n'était pour ainsi dire occupé que par des maisons religieuses, entre autres le séminaire de Saint-Sulpice, et par un « hospice de santé » pour enfants. Compris lors de la Révolution dans le canton d'Issy, Vaugirard fut rattaché en 1801 à celui de Sceaux. Il n'avait alors que 3000 habitants, mais se développa rapidement. Grenelle en fut démembré en 1830 pour former une commune; le hameau de Plaisance avait vainement tenté d'en être détaché de même, lorsque survint l'annexion de 1859. Le territoire de la commune du XIXe siècle était ainsi plus étendu que celui qui constituait, à proprement parler, Vaugirard. Il ne faut pas confondre le cimetière actuel de Vaugirard avec celui du même nom ou de l'Ouest, qui a été désaffecté en 1856. La superficie de l'arrondissement, qui est de 721 hectares, lui vaut, dans cet ordre d'idées, la suprématie sur les dix-neuf autres arrondissements, le XVIe le suivant de près avec 709 hectares et le XIIe ensuite avec 625. Les limites sont des plus nettes: à l'Est, la ligne du chemin de fer de l'Ouest le sépare du XIVe arrondissement; au Sud, sont le Périphérique; à l'Ouest, la Seine, au delà de laquelle s'étend le XVIe; au Nord, la limite est faite avec le VIIe arrondissement par l'axe de l'Avenue de Suffren, de la rue Pérignon, de l'avenue de Saxe et de la rue de Sèvres; avec le VIe, par l'axe du boulevard Montparnasse jusqu'à la Place du 18 juin 1940 (ancienne place de Rennes). Quartier Saint-Lambert. Le quartier Saint-Lambert est le coeur même l'ancien Vaugirard. Le nom qu'il porte est celui du saint, évêque assez obscur de Maëstricht, que l'église paroissiale reconnaît pour son patron. Cette Eglise, avait été fondée en 1342. Elle s'élevait au carrefour des rues Saint-Lambert et Desnouettes, c'est-à-dire à l'extrémité Ouest du village, et dans son livre sur Vaugirard, écrit en 1842, l'abbé Gaudreaul qui en était curé, se plaint amèrement de cet emplacement et de l'abadon dans lequel on la laisse. Six ans après, on lui donnait satisfaction par le vote du conseil municipal de Vaugirard qui confiait à Naissant, architecte de l'arrondissement de Sceaux, la construction de l'église actuelle sur un terrain donné à la commune par l'abbé Groult. Disons en passant que telle est l'origine du nom de la rue voisine, appelée antérieurement rue du Transit. Quartier Necker. Le quartier Necker participe de l'ancien Paris et du Paris annexé, étant à cheval sur l'ancien bouIevard de ronde; d'où, au départ, deux physionomies bien distinctes qui se confondues avec le temps, à mesure que la périphérie s'est parisianisée, si l'on peut ainsi parler. Les hôpitaux y dominent : Necker, les Enfants-Malades, l'Institut Pasteur, Saint-Jacques, etc.; y sont situés également le puits artésien de Grenelle et le lycée Buffon. Si la place du 18 juin 1940 est commune aux VIe, XIVe et XVe arrondissements, la la tour Montaparnasse, ainsi que la gare Montparnasse et la ligne de chemin de fer quelle commande appartiennent tout entières à ce dernier arrondissement. Pour une fois, la loi des axes n'a pas été observée. Grenelle Grenelle était autrefois aune commune du département de la Seine, aujourd'hui dans Paris. Une vaste garenne que possédait l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés sur la rive gauche de la Seine, au-dessous de Paris a donné son nom à Grenelle (Garanella). Ce fut longtemps un modeste hameau, dépendant de la paroisse de Vaugirard, et qui n'a pris d'importance que dans la première moitié du XIXe siècle. En 1824, une société d'actionnaires, à la tête de laquelle était Léonard Violet, entreprit de fonder un village industriel à Grenelle; elle y réussit avec tant de bonheur que l'agglomération ainsi constituée fut érigée en commune distincte de Vaugirard, par ordonnance royale du 22 octobre 1830. A dater du 1er janvier 1860, la commune de Grenelle a été supprimée pour être incorporée à Paris. Son territoire correspond non seulement au quartiers de Grenelle, mais aussi à celui de Javel. Quartier Javel. Il n'est pas un Parisien qu'embarrasserait l'étymologie du nom de Javel, car il n'en est pas un qui ne connaisse, au moins de réputation, l'eau du même nom, et que le dictionnaire de Littré orthographiait javelle. Mais l'eau a-t-elle pris le nom du lieu, ou le lieu celui de l'eau? La question est plus délicate : en interrogeant le passé, on la résout aisément. Vers 1754, l'abbé Lebeuf s'exprimait ainsi : « On voit aussi par les anciens titres de Sainte-Geneviève que dans le XIIe siècle elle (la paroisse Saint-Etienne-du-Mont) eut de ces côtés-là des prés dans un canton appelé Javet, qui peut-ètre a donné le nom au moulin de Javet, qui est un moulin à vent, peu éloigné de la rivière, et dont le nom a été corrompu en celui de Javelle. » Le « peut-être » de Lebeuf se change en certitude, grâce à des documents moins anciens. Un plan d'Auteuil, d'août 1658 montre « le moulin de Javel », et à côté « la maison pour loger le meunié ». Par acte du 20 mars 1676, Christine de Heurles, dame de Passy, cédait à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés le droit de passage pour un bac établi à « Javetz, vis-à-vis Auteuil », moyennant 300 livres de rente. Enfin, un plan de Vaugirard, en 1667, porte très visiblement Javel, et le chemin de Javel aboutissant à à la rivière, qui est la rue de Javel actuelle. (F. Bournon). | |