| Convenance, rapport de deux choses qui s'accordent entre elles. Ce mot, surtout employé au pluriel, exprime une certaine norme sociale qui règle nos rapports avec nos semblables, et en vertu de laquelle nous conformons nos paroles et nos actes aux habitudes et aux opinions de ceux avec qui nous vivons. La convenance, qu'il ne faut pas confondre avec la bienséance, règle des choses moralement indifférentes, comme la toilette, le cérémonial ; elle varie de siècle en siècle et de pays en pays. Il y a des convenances de langage, comme des convenances de tenue et de conduite. Elles ont été violées, par exemple, par ce traducteur de Démosthène qui pensa que les mots Messieurs les Athéniens rendaient exactement les mots grecs Andres Athènaioi, et par Shakespeare, quand il mit en scène une comtesse grecque du temps de Périclès, et un Thésée, duc d'Athènes. En littérature, la convenance du style est l'accord parfait de l'expression avec la pensée. Aristote fait remarquer que la division du style en trois genres repose sur la convenance. Cicéron et Quintilien disent également que cette division correspond aux trois devoirs de l'orateur, instruire, plaire, et toucher. En effet, le style simple est celui qui convient le mieux pour instruire; le style tempéré, pour plaire; le style sublime, pour toucher. L'orateur doit donc varier son style, suivant l'effet qu'il veut produire. « Le langage que demandent les causes capitales n'est pas celui des causes minces et légères; l'un est propre aux délibérations, l'autre aux éloges, l'autre aux plaidoyers, l'autre aux harangues; la consolation, le reproche, la dispute, la narration, ont leur style particulier [...]. En toute chose, pouvoir faire ce qui convient, est un effet de l'art et de la nature. » Il est impossible cependant de déterminer par des règles précises le genre de style qui convient à telle ou telle cause. Les circonstances du temps et du lieu, le caractère des auditeurs aussi bien que de l'orateur, enfin les bienséances, peuvent modifier les règles de convenance admises par l'école; ce qui prouve, dit Crevier, que, pour l'orateur, il ne s'agit pas de choisir entre les divers genres de style, mais qu'il doit les connaître tous, et savoir les employer selon la nature des objets qu'il traite. Ils sont pour l'orateur ce que les couleurs sont pour le peintre, les sons pour le musicien, Tout le talent consiste à en varier avec habileté les nuances, et à les combiner si heureusement, que l'on obtienne toujours l'effet qu'on désire. En architecture, la convenance s'entend, non seulement de la conformité du plan d'un édifice avec l'usage auquel il est destiné, mais aussi de la conformité du caractère de l'architecture extérieure avec cette destination. Dans un tableau, la convenance consiste dans le juste rapport des circonstances de temps, de lieux, de moeurs : on a longtemps considéré que ce serait aller contre la convenance que de placer une scène antique dans un édifice moderne, de faire figurer ensemble des personnages qui ont vécu dans des temps différents, de ne pas observer la fidélité du costume, etc. (H. D.). | |