|
Cadence
(du latin cadere, tomber), chute d'une phrase
et de ses diverses parties, ménagée de façon que l'oreille
soit satisfaite, l'attention agréablement fixée, et qu'il
y ait harmonie entre la marche de la phrase et la nature de chaque idée,
de chaque sentiment.
La prose, aussi bien que les vers, est
soumise aux règles de la cadence. Dans les vers, la césure
est un principe de cadence; aussi ne doit-on mettre à cette place
que des mots choisis avec soin. Pour éviter les cadences monotones,
il faut avoir soin de varier les césures. La rime, qui coïncide
habituellement avec une suspension plus ou moins marquée du sens,
doit offrir une cadence harmonieuse, surtout à la fin d'une période.
L'harmonie imitative peut tirer d'heureux effets d'une fausse cadence.
Les poètes habiles savent varier
la cadence de leurs vers selon les idées qu'ils ont à exprimer
: de là des cadences graves et lentes, ou légères
et rapides, etc. Les règles de la cadence varient avec les différentes
espèces de vers; partout elle dépend de la disposition des
coupes, et de l'entrelacement des pieds et des mesures, si la versification
est métrique; si elle est syllabique, de la richesse, de la variété,
de la disposition, du son des rimes, enfin du choix des mots qui terminent
l'hémistiche ou qui sont suivis d'une suspension à d'autres
endroits du vers. Chez les Anciens, la quantité, même en prose,
n'était pas indifférente pour la cadence : trop de brèves
ou trop de longues accumulées à la chute d'une phrase la
rendaient désagréable.
Le style périodique
et soutenu demande surtout l'observation de la cadence et l'art d'entrelacer
les syllabes de différentes quantités, les mots de différentes
longueurs. En prose, la cadence doit être marquée par des
mots importants en eux-mêmes, sonores, fermes, vifs, graves, sourds,
selon la nature des idées ou des sentiments. C'est la gravité
qui fait le caractère des cadences de la phrase suivante, et cette
gravité s'accroît à mesure que la période se
développe et arrive à des idées plus élevées.
(P.). |
|