Vidal-Lablache ca. 1910 | L'immensité et la simplicité de structure de la Russie, qui contrastent si fort avec le morcellement politique et la variété géographique du reste de l'Europe, en font comme un prolongement de l'Asie, sous lequel s'effacent les vieilles frontières conventionnelles entre ces deux parties du monde. Par l'avancée de la Pologne, la masse russe pénètre même dans l'Europe centrale; mais, d'autre part, elle est retenue dans sa position excentrique par la configuration défavorable des mers presque fermées ou trop souvent gelées sur lesquelles elle a vue. Russie politique.
La simplicité de la Russie ne va pas sans d'importantes atténuations, qui tiennent a son étendue et qu'expliquent surtout des causes climatiques. C'est d'abord, du nord au sud, la réduction progressive que détermine dans la durée du froid une différence de trente degrés de latitude. C'est ensuite, de l'ouest à l'est, l'aggravation du climat continental qu'exprime l'augmentation de l'amplitude, ou écart entre les températures extrêmes, et qui correspond a l'affaiblissement des influences océaniques. Ces influences font surtout défaut dans la Russie méridionale abritée contre les vents d'ouest par l'ensemble des hautes terres de l'Europe, tandis qu'elles se prolongent sur la Russie septentrionale, grâce à la pénétration de la mer du Nord et de la Baltique dans la masse continentale. Au nord, la précipitation atmosphérique est assez abondante pour adoucir la rigueur des hivers, alimenter des lacs innombrables et déterminer des régions de sources dont le Valdaï n'est que la principale. Au sud, les principaux fleuves proviennent de ces régions de sources; la steppe paraît : agricole d'abord, puis pastorale, et passe peu à peu au désert dans la direction du sud-est. Carte économique. | Carte climatique. | Carte ethnographique. | Cliquez sur les cartes pour les agrandir. Il résulte de tout cela que la Russie se partage en un petit nombre de grandes zones marquées chacune par une aptitude spéciale et exclusive, comme on en voit en Amérique et en Australie : forêts dans le nord, sur les anciens dépôts glaciaires; terres a blé dans le sud, sur l'épaisse couche d'humus de la Terre noire; pâturages à gros bétail, puis à moutons dans le sud-est. Seules, la Pologne et les Provinces Baltiques, et, à un moindre degré, la Moscovie, rappellent l'Europe occidentale par la complexité de la vie agricole et industrielle. De la Moscovie, pays des Grands-Russiens, qui forment près de la moitié de la population totale de la Russie d'Europe, est partie la conquête qui a groupé le long de ses frontières tant d'éléments ethnographiques différents, et poussé ses limites orientales jusqu'aux plateaux de l'Asie centrale et aux rivages du Pacifique. De là et des autres régions où la population est relativement dense, surtout de la Terre Noire part un mouvement de colonisation qui trouve dans l'empire même des champs comparables a ceux que les peuples de l'Europe occidentale vent chercher outre-mer. (P. D). | |