| Un casse-noisette est un instrument de table dont le nom indique suffisamment l'usage. II est en fer, en fonte ou en bois et a soit la forme d'une pince entre les branches de laquelle se place la noisette, soit encore celle d'une pièce creuse percée d'un trou où passe une vis qui vient appuyer sur le fond. Le casse-noix a les mêmes formes, mais de dimensions un peu plus grandes. Archéologie. Au Moyen âge on nommait ce petit ustensile truquoise ou turquoyse et il y en avait de fort belles. Telle devait être celle dont il est fait mention dans le testament de Jehanne d'Evreux (1392) « une truquoise d'argent à casser les noisettes pesant 6 onces et prisées IX francs »; dans l'inventaire de Charles VI (1420), il est question « d'une petite turquoyse d'argent doré, à quasser noysettes ». Les mentions analogues sont d'ailleurs fort rares dans les anciens documents. Les vieux lexicographes donnent au mot turquoise, qui prend aussi les formes turquoyse, truquaise et tricaise, le sens de pinces à arracher les clous, de tenailles à l'usage des maréchaux. On a proposé de le faire dériver de l'allemand' troc-eisen qui a une signification analogue. Ce terme a été usité en France jusqu'au XVIIIe siècle, mais seulement dans le sens de tenailles et de pinces, et il existe encore sous la forme tricoise. Les anciens casse-noisettes appartiennent à deux types bien différents. Les uns, et c'est le type le plus ancien, sont en forme de pinces (il y en a aussi dont les deux branches sont unies par une charnière), les autres sont constitués par une vis dont la monture sert à tenir le fruit; on comprend que la coquille est brisée lorsque la vis vient la serrer fortement. On connaît des casse-noisettes en forme de pinces qui datent des XIVe et XVe siècles, ils sont généralement en fer ou en bronze; on y remarque des anneaux qui semblent indiquer que ce petit ustensile était porté suspendu à la ceinture par des cordons. Les casse-noisettes à vis sont plus rares que ceux en forme de pince. On n'en connaît pas d'antérieurs au XVIe siècle. Les musées et les collections particulières en renferment quelques-uns de fort beaux en fer finement ciselés; on a aussi fabriqué et on fabrique encore en Suisse et en Allemagne des casse-noisettes en bois et à vis. Les casse-noisettes en bois sculpté sont assez nombreux dans les collections. Souvent l'artiste qui les a exécutés s'est inspiré d'une pensée caricaturale et, dans cette donnée, il s'en trouve qui présentent un véritable caractère; beaucoup de ces objets sont de provenance allemande; au XIXe s., le Nussknacker de Nuremberg trouvait encore sa place sur des tables opulentes. (C. L.). | |