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Antéoccupation
ou Anticipation, figure de rhétorique,
appelée prolepse chez les Grecs,
et qui consiste à prévenir et à réfuter d'avance les objections :
« Il a
tort, dira l'un : pourquoi faut-il qu'il nomme?
Attaquer Chapelain!
ah! c'est un si bon homme!
Balzac en fait l'éloge
en cent endroits divers.
Il est vrai, s'il
m'eût cru, qu'il n'est point fait de vers;
II se tue à rimer
: que n'écrit-il en prose?
Voilà ce que l'on
dit. Et que dis-je autre chose?
En blâmant ses
écrits, ai-je d'un style affreux
Distillé sur sa
vie un venin dangereux?
Ma muse, en l'attaquant,
charitable et discrète,
Sait de l'homme
d'honneur distinguer le poète.-»
(Boileau, Sat. IX.).
Bossuet, dans son
sermon sur l'ambition, détruit de la manière suivante les illusions de
l'ambitieux :
« Mais
je saurai bien m'affermir et profiter de l'exemple des autres... Folle
précaution! car ceux-là ont-ils profité de l'exemple de ceux qui les
précèdent? - Mais je jouirai de mon travail... Eh quoi! pour dix ans
de vie? etc. -»
L'antéoccupation est d'un emploi fréquent
en tout genre de discussion, dans l'éloquence du barreau surtout; c'est
un tour adroit par lequel on élude ou on affaiblit les raisons de l'adversaire,
en leur ôtant le mérite et l'effet de la nouveauté. (B.). |
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