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On donne le nom
d'acception au sens particulier dans lequel on prend un mot, ou
manière particulière dont il est interprété
par le lecteur ou l'auditeur. Chaque science, chaque art, chaque profession,
chaque métier empruntent à Ia langue courante des mots dont
ils modifient le sens, et qui sont des sources d'équivoques, d'obscurités,
ou bien de véritables énigmes pour les personnes qui ne sont
pas initiées à telle ou telle science, à telle ou
telle profession, etc.
Ainsi, le sens le plus, généralement
usité du mot esprit, est celui de ensemble des facultés de
l'intelligence, ou de éclat, promptitude
et finesse de l'intelligence; c'est le sens qui se présente tout
d'abord; mais les grammairiens prennent ce
mot dans une acception toute différente, lorsqu'ils disent esprit
rude, esprit doux; les théologiens, dans les locutions Esprit
saint, malin esprit, esprit de sagesse, etc.; les philosophes
lorsqu'ils désignent le sujet connaissant ou le sujet pensant, enfin
les distillateurs, lorsqu'ils parlent d'un esprit-de-vin, etc. De
même, le mot coin a plusieurs acceptions : il signifie, soit
une pièce de bois ou de fer qui sert à fendre d'autres corps,
soit l'instrument de fer qui sert à frapper les médailles,
les monnaies et les jetons, soit un angle solide (le coin de la cheminée);
ou encore on l'emploie dans un sens figuré (livre marqué
au bon coin).
Il faut éviter d'employer dans une
même phrase ou dans une même suite
d'idées un même mot dans deux ou plusieurs acceptions; car
il ne peut en résulter que du trouble et de l'obscurité;
et, dans les discussions, ce défaut devient parfois la source de
querelles. Il est parfois nécessaire d'avoir soin dans la discussion,
surtout orale, de préciser nettement l'acception dans laquelle on
prend tel terme, qui peut avoir un sens tantôt plus restreint, tantôt
plus étendu, afin que l'auditeur ne prenne pas le change, ne s'égare
pas, mais puisse entrer dans notre pensée même et en suivre
sans peine tout le développement. (P.). |
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