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Michael
Stifel,
plus connu sous le nom latinisé de Stiffelius, est un mathématicien
né en 1486, mort à Iéna en 1567.
Il était l'ami
de Luther, dont il embrassa les doctrines, et
devint pasteur à Holzdorf. Il raconte dans son algèbre que
ce qui détermina sa conversion fut la remarque que le pape Léon
X était la bête mentionnée dans la Révélation.
Pour le montrer, il était seulement nécessaire d'additionner
les nombres représentés par les lettres du nom Leo decimus
(la lettre m devait être écartée attendu qu'elle est
clairement là pour mysterium) et il s'en faut exactement
de dix que le résultat soit 666, ce qui prouverait péremptoirement
qu'il s'agissait de Léon X. Luther accepta sa conversion, mais il
lui dit franchement que ce qu'il avait de mieux à faire était
de chasser de son esprit toutes les absurdités qui y germaient relativement
au nombre de la bête. Malheureusement pour lui, Stifel ne suivit
pas ce sage conseil.
Pensant avoir découvert
la vraie manière d'interpréter les prophéties de la
Bible, il annonça que la fin du monde surviendrait le troisième
jour d'octobre de l'année 1533. Les paysans d'Holzdorf, village
dont il était pasteur, confiants dans sa réputation scientifique,
le crurent. Quelques uns s'adonnèrent à des exercices religieux,
d'autres gaspillèrent leurs biens, mais tous abandonnèrent.
le travail. Le jour annoncé une fois passé, beaucoup de paysans
se trouvèrent ruinés : furieux d'avoir été
trompés ils se saisirent de l'infortuné prophète qui
fut trop heureux de trouver un refuge dans la prison de Wittenberg, d'où
il put sortir quelque temps après, grâce à l'intervention
personnelle de Luther.
Dans son Arithmetica
integra (Nuremberg, 1544, avec une préface de Mélanchthon),
on voitt que l'algèbre avait fait, depuis Luca Paciuolo de notables
progrès. L'auteur emploie les signes + et -, ainsi que le signe pour
indiquer l'extraction des racines. Il représente l'inconnue et ses
puissances par des symboles, au lieu des mots italiens
de cosa,
censo, cuba, censo di censo, etc. ; quand il y a plusieurs
inconnues, il est le premier à exprimer les seconde, troisième,
quatrième, etc., par les lettres A, B, C. Loin de méconnaître,
comme Paciuolo, le principe de la multiplicité des racines dans
une équation, Stifel le démontre formellement dans cet ouvrage
(lib. III, cap. vi, De secundis radicibus). Il donne aussi de très
nombreux exemples de l'application de l'algèbre à la géométrie.
Ces exemples portent particulièrement sur toutes les propositions
du treizième livre d'Euclide, qui s'expédient
facilement par le calcul des équations du second degré. On
a voulu voir dans cet ouvrage le germe des logarithmes.(
H.). |
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