| Guillaume de Nangis, chroniqueur né vers le milieu du XIIIe siècle, mort en juin ou juillet 1300. Moine de Saint-Denis, il devint vers 1285 archiviste du monastère et fut également chargé de la chancellerie et de la bibliothèque. Ses travaux littéraires sont assez nombreux. Citons tout d'abord le complément et la restauration d'un célèbre recueil d'annales latines, aujourd'hui à la Bibliothèque nationale (lat. 5925). Viennent ensuite, par ordre de date, une Biographie de saint Louis dédiée à Philippe III, une Biographie de Philippe le Hardi, rédigée entre novembre 1285 et le 22 juillet 1287, une Chronique abrégée en latin, datant de 1292 ou 1293, une Chronique universelle, fort considérable, écrite en grande partie avant 1297, remaniée après la mort de l'auteur vers 1304, enfin une traduction française de sa chronique abrégée. La Biographie de saint Louis est empruntée en partie à Gilon de Reims et à Geoffroi de Beaulieu, en partie aussi aux sources d'une chronique latine de Primat dont nous n'avons plus qu'une version française. Cette Vie de saint Louis a été traduite en français dès le début du XIVe siècle. La Chronique universelle est une oeuvre beaucoup plus importante. Jusqu'à l'an 1113 l'auteur suit à peu près exactement celle de Sigebert de Gembloux, sauf quelques additions peu importantes. Delisle regarde le ms. lat. 4918 de la Bibliothèque nationale comme l'original de la seconde rédaction. La Chronique de Guillaume de Nangis a été publiée (depuis 1143) par H. Géraud (Société de l'Hist. de France; Paris, in-8), mais l'éditeur a eu le tort de vouloir combiner les deux rédactions, d'où une certaine confusion. Enfin la chronique française abrégée, remaniée par l'auteur lui-même, fut plus tard continuée et développée par différents auteurs, à l'aide des chroniques de Saint-Denis et d'autres sources également connues. De toutes ces oeuvres, aucune n'est en elle-même bien remarquable; le style de Guillaume de Nangis fleuri et contourné sans toujours éviter la platitude, et si nous n'avions que ses biographies de saint Louis et de Philippe le Hardi nous connaîtrions assez mal l'histoire de ces deux princes. La Chronique universelle est plus intéressante, et les dernières années surtout abondent en renseignements précis et puisés aux bonnes sources. Elle a été souvent copiée au Moyen âge et a servi de point de départ à trois continuations, dont il faut dire quelques mots. Tout d'abord, un moine de Saint-Denis remanie vers 1304 la Chronique universelle et la continue jusqu'à 1303; un autre ou d'autres religieux de l'abbaye continuent l'ouvrage de 1304 à 1316, puis de 1317 à 1340. Ces deux continuations, très importantes pour l'histoire des derniers Capétiens, sont loin d'ailleurs de valoir la suite écrite de 1340 à 1368 par le célèbre Jean de Venette. (A. Molinier). | |