| Mélissus, est un philosophe présocratique de école éléatique. Il naquit à Samos, et c'est lui, dit-on, qui commandait la flotte saméenne lorsqu'elle remporta la victoire sur les Athéniens en 442 av. J.-C. Il remporta encore quelques avantages sur Périclès; mais il ne put empêcher sa cité de succomber, 440. Comme philosophe, Melissus, à l'exemple de Zénon d'Elée, s'attacha à défendre les doctrines de Parménide; mais il voulut les justifier directement au lieu de réduire, comme Zénon, ses adversaires à l'absurde. Il soutint l'unité, l'éternité, l'immutabilité de l'Être. Le seul point où il s'écarte de Parménide, et Aristote le lui reproche avec vivacité, c'est qu'il ajoute à ces attributs l'infinité dans l'espace aussi bien que dans le temps. Par là il est amené à concevoir l'Être comme incorporel, et c'est encore un point par où il innove sur ses prédécesseurs. Voulant, comme Parménide, établir l'immutabilité de l'Être, il semble s'être particulièrement préoccupé de répondre aux théories mécanistes d'Empédocle et d'Anaxagore : le mouvement n'est possible, de quelque manière qu'on l'entende, que dans le vide; or, le vide est le non-être, et en affirmer l'existence, c'est se contredire dans les termes. C'est sur cette impossibilité du vide qu'est fondée la négation de toute pluralité, car des êtres multiples devraient être séparés par le vide; la négation du fini, car l'Être ne pourrait être limité que par le vide; enfin la négation de tout changement. Sans être un philosophe de premier ordre, Melissus, qu'Aristote traite parfois un peu durement, a contribué à éclaircir plusieurs points de la doctrine éléatique. Il ne reste aucun de ses ouvrages; il n'est connu que par les citations de quelques auteurs grecs, notamment d'Aristote et d'Eusèbe. On trouve ce qui nous reste de Mélissus dans les Fragmenta philosophorum græc. de la collection Didot. (V Br /Bt.). | |