| Jacques Laffitte est un banquier et homme politique, né a Bayonne, le 24 octobre 1767, mort à Paris le 26 mai 1844. Fils d'un charpentier de Bayonne, il entra comme expéditionnaire dans une étude de notaire à l'âge de 42 ans, quitta son pays en 1788 et vint à pied à Paris où, après avoir végété un instant, il parvint à se faire admettre en qualité de teneur de livres et aux appointements de 1200 F par an, chez un riche banquier suisse appelé Perregaux, qui lui accorda bientôt toute sa confiance, le nomma son caissier, le prit même pour associé et finit par lui laisser sa maison en 1809. L'habileté consommée de Laffitte dans tout ce qui concerne les affaires de banque, le fit arriver à une grande fortune; il fut nommé régent de la banque de France en 1809 et gouverneur de cet établissement de 1814 à 1819, fonctions qu'il remplit gratuitement. Il avança deux millions au gouvernement provisoire en 1814. L'année suivante, Louis XVIII, au moment de partir pour Gand, déposa chez lui une somme considérable, et quatre mois plus tard, Napoléon, quittant Paris pour la dernière fois, lui remit cinq millions de francs. Comme le banquier offrait un reçu à l'empereur, ce dernier répondit-: « C'est inutile. Je vous connais, M. Laffitte; vous n'avez jamais aimé mon gouvernement, mais vous êtes un honnête homme. » Laffitte fut élu député en 1816 et réélu en 1817; il prévint la crise financière de 1818 en achetant une grande quantité de valeurs françaises. Il prit une part importante à l'établissement des caisses d'épargne et à la création de plusieurs institutions de bienfaisance. A la fin de la Restauration, son influence politique devint prépondérante et sa maison fut le centre de l'opposition libérale. Il maria sa fille unique avec le fils aîné du maréchal Ney. Sa fortune personnelle était alors évaluée à 50 millions de francs. Il était l'ami de Béranger, le protecteur de Thiers et l'ardent partisan de Louis-Philippe, qu'il considérait comme le seul homme capable de sauver le pays en cas de révolution. Après avoir fait de vaines remontrances à Charles X au sujet des ordonnances de juillet 1830, il proposa de créer un gouvernement provisoire avec Louis-Philippe comme lieutenant général, et en réconciliant ce prince avec Lafayette, il empêcha ce dernier de faire proclamer la république. A l'avènement de Louis-Philippe, il fut nommé ministre d'Etat et le 3 novembre président du conseil avec le portefeuille des finances. Mais ses sentiments étaient trop libéraux pour qu'il pût s'accorder longtemps avec le roi et il donna sa démission en mars 1831. Dans l'intervalle, ses affaires, qu'il avait négligées, avaient périclité; il dut vendre une partie de ses propriétés. Le roi le sauva d'une faillite; il liquida sa maison et se retira avec une fortune de 7 à 8 millions. Il fut réélu à la Chambre des députés en 1837, 1839 et 1842. | |