La Fontaine | Une jeune souris, de peu d'expérience, Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence, Et payant de raisons le Raminagrobis. " Laissez-moi vivre : une souris De ma taille et de ma dépense Est-elle à charge en ce logis? Affamerais-je, à votre avis, L'hôte et l'hôtesse, et tout leur monde? D'un grain de blé je me nourris : Une noix me rend toute ronde. A présent je suis maigre; attendez quelque temps. Réservez ce repas à Messieurs vos enfants. " Ainsi parlait au chat la souris attrapée. L'autre lui dit : " Tu t'es trompée : Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours? Tu gagnerais autant de parler à des sourds. Chat, et vieux, pardonner! cela n'arrive guère. Selon ces lois, descends là-bas, Meurs, et va-t-en, tout de ce pas, Haranguer les soeurs filandières : Mes enfants trouveront assez d'autres repas. " Il tint parole. Et pour ma fable Voici le sens moral qui peut y convenir : La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir; La vieillesse est impitoyable. | |