Sonnets de J. Hesnault La Sagesse « S'élève qui voudra, par force ou par adresse, Jusqu'au sommet glissant des grandeurs de la cour; Moi, je veux, sans quitter mon aimable séjour, Loin du monde et du bruit rechercher la sagesse. Là, sans crainte des grands, sans faste et sans tristesse, Mes yeux après la nuit verront naître le jour; Je verrai les saisons se suivre tour à tour; Et dans un doux repos j'attendrai la vieillesse. Ainsi, lorsque la mort viendra rompre le cours Des bienheureux moments qui composent mes jours, Je mourrai chargé d'ans, inconnu, solitaire. Qu'un homme est misérable à l'heure du trépas, Lorsqu'ayant négligé le seul point nécessaire, Il meurt connu de tous, et ne se connaît pas! » - Contre Colbert « Ministre avare et lâche, esclave malheureux Qui gémis sous le poids des affaires publiques, Victime dévouée aux chagrins politiques, Fantôme révéré sous un titre onéreux; Vois combien des grandeurs le comble est dangereux, Contemple de Fouquet les funestes reliques; Et, tandis qu'à sa perte en secret tu t'appliques, Crains qu'on ne te prépare un destin plus affreux. Sa chute quelque jour te peut être commune. Crains ton poste, ton rang, la cour et la fortune; Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monté. Cesse donc d'animer ton prince à son supplice Et, près d'avoir besoin de toute sa bonté, Ne le fais pas user de toute sa justice. » (J. Hesnault). |