| Esope, célèbre fabuliste grec, né en Phrygie, esclave à Athènes, puis à Samos, parvint, malgré sa condition et la difformité repoussante de sa taille et de ses traits, à la faveur la plus intime du puissant Crésus. On pourrait comparer l'emploi qu'il remplit auprès de ce roi de Lydie au rôle que jouèrent dans des temps moins reculés les bouffons de quelques souverains; c'est sous la forme d'apologues ingénieux qu'Esope déguisait les vérités, parfois un peu dures, qu'il adressait au prince. Nous ne suivrons pas l'esclave phrygien dans le tissu d'aventures que lui prête son romancier Planude, mais il paraît incontestable qu'il périt victime de son amour pour la vérité, et que les prêtres de Delphes ne lui pardonnèrent pas d'avoir dévoilé leur charlatanisme. Accusé de sacrilège par la plus infâme calomnie, Ésope fut précipité du rocher Hyampéen, l'an 560 av. J.-C. Sa mort ne resta pas impunie, et une longue suite de malheurs n'avertit que trop les Delphiens de la colère céleste; mais la réparation fut tardive, et ce fut la troisième génération seulement qui s'efforça d'expier le crime de ses pères. Si l'on peut disputer à Esope l'honneur d'avoir inventé l'apologue, on ne lui contestera pas du moins le mérite d'en avoir fait l'usage le plus spirituel à la fois et le plus honorable; aussi la Grèce ne tarda-t-elle pas à s'emparer de ses fables; Socrate en avait mis quelques-unes en vers; Babrias versifia toutes celles qu'il put recueillir; et c'est de sa collection que sortirent la plupart de celles qui nous sont parvenues, et que des écrivains du Bas-Empire s'étaient amusés à mettre en prose.
| Editions anciennes - Les meilleures éditions de ce recueil, devenu classique, sont celles de J.-Chr.-Gott. Ernesti, Leipzig, 1781, in-8; de Fr. de Furia, Florence, 1809, 2 vol. in-8; de J.-G. Schneider, Breslau, 1811. La collection la plus complète est celle du doct. Coray, Paris, 1810, in-8. Elle se distingue par la beauté de l'impression, la correct. du texte, et les excellentes notes qui l'accompagnent. | | |