| Ximénès Doudan est un écrivain français, né à Douai en 1800, mort à Paris en 1872. Il était simple maître répétiteur au collège Henri IV, quand il fut choisi pour être le précepteur du jeune Louis-Alphonse de Rocca, né du second mariage de Mme de Staël, puis il fut chef de cabinet du duc de Broglie au ministère de l'instruction publique (1830) et aux affaires étrangères (12 mars 1835). Après avoir refusé une place de maître des requêtes au conseil d'Etat, il se chargea de surveiller l'éducation de Paul et Albert de Broglie. Le reste de sa vie se partagea paisiblement entre Coppet, Broglie et Paris, d'où il adressait à ses anciens élèves et aux divers membres de leur famille des lettres qui, avec quelques articles publiés dans la Revue française (1838), ont été recueillis sous le titre de Mélanges et Lettres (1876-1877), et précédées d'une introduction et de notices par d'Haussonville, S. de Sacy et Cuvillier-Fleury. (M. Tx.). - Pensées « En littérature, on peint par un petit nombre de signes qui rappellent à l'esprit du lecteur tout un ensemble; ainsi, ces vers d'Alfred de Musset : Pour trouver à Bagdad de fraîches écuries, Des rateliers dorés, des luzernes fleuries Et des puits dont le ciel n'a jamais vu le fond. Bornez strictement ce tableau aux objets énoncés, et il sera assez étroit et dira peu à l'imagination, mais ce petit nombre d'objets bien choisis tiennent à la vie d'Orient, et vous ne pouvez guère vous les représenter sans voir en même temps les harems, les jardins de, roses, les mosquées, les femmes voilées qui passent en silence, le cavalier rapide qui va vers le désert. Si vous décriviez minutieusement tout Bagdad, j'en verrais une image moins brillante et moins complète, d'abord parce que mon attention serait distraite par l'excès des détails; en second lieu, parce que ces premiers objets, bien choisis, évoquent le souvenir de tous les objets analogues et repoussent, du même coup, tous les autres objets qui, tout en étant bien une partie de Bagdad, ôtent de sa beauté à cette ville et troublent, pour ainsi dire, son idéal. Par l'artifice de ces signes d'élite, j'évoque devant l'imagination l'élite des objets propres à séduire l'oeil et la pensée. Il me semble que presque toutes les règles de la composition découlent de cette observation. Elle est certainement décisive contre le genre descriptif qui décrit tout, car, en décrivant tout, je trouble, à coup sûr, l'unité d'expression poétique, vu qu'il est inévitable que je trouve sur mon chemin des traits désagréables ou prosaïques, qui feront dévier mon esprit et le détourneront de la contemplation du beau; et de plus, la surabondance des détails rendra impossible cette synthèse involontaire que fait l'intelligence entre plusieurs choses, pour n'en recevoir qu'une seule. » (X. Doudan, Pensées et fragments). | | |