| Summanus est un dieu étrusque du ciel nocturne, que Varron range parmi les divinités sabines de Tatius. Il avait, lui aussi, un culte sur le Capitole; il avait une chapelle à lui et une statue d'argile dont la tête fut si violemment frappée par la foudre qu'elle fut précipitée dans le lit du Tibre. Cet incident eut lieu à l'époque de Pyrrhus, et il semble qu'on éleva à cette occasion un temple à Summanus, près du cirque Maxime, et qu'on lui célébrait tous les ans, le 20 juin, un sacrifice. On lui fabriquait aussi des gateaux sacrés en forme de roue; c'était sans doute un symbole du char du dieu de la foudre. Les occasions ordinaires de ce culte étaient les orages nocturnes, qui sont plus rares que ceux du jour et sont, par là même, l'objet d'une frayeur plus grande. On distinguait à ce propos le fulgur dium ou diurnum du fulgur nocturnum; le premier était assigné à Jupiter, on attribuait le dernier à Summanus, et dans les cas douteux, on faisait un sacrifice aux deux divinités. Les Acta des frères Arvales nous offrent un exemple de ce genre : la foudre frappe le bois sacré de la Dea Dia, l'on immole à Jupiter deux béliers blancs, à Summanus deux béliers noirs. Le nom de Summanus signifie, à proprement parler, le dieu de la partie de la nuit qui précède immédiatement le jour. On sait que les Romains faisaient commencer le jour à minuit : or Summanus, c'est sub-manus, et manus a le même sens que dans mane, manis, matuta. Cependant ce dieu resta toujours un dieu des ténèbres, de la nuit profonde; Plaute fait, en plaisantant, de ce dieu le dieu des voleurs, et forge le verbe summanare, toujours dans le même sens, absolument comme la déesse Laverna ou Lara, c'est-à-dire Mater Larum, est une déesse du monde souterrain et par suite la protectrice des voleurs. Plus tard, quand le sens primitif du culte de Summanus fut perdu, on assigna à ce nom une étymologie toute factice et inadmissible; on le fit dériver de Summus Manium, et l'en assimila Summanus à Pluton. (L. Preller). | |