| Pluton est le dieu des Enfers dans la mythologie grecque et plus tard chez les Romains. A l'origine, ce nom de Pluton (Ploutôn) ne fut sans doute qu'une épithète du mot Hadès ('Aides = l'Invisible), par lequel on désignait le souverain du monde infernal. Hadès-Pluton, fils de Cronos, était frère de Zeus et de Poseidon; tandis que Zeus régnait dans le ciel et sur la terre, tandis que Poseidon était le maître des eaux et de la mer, le domaine d'Hadès était le monde souterrain. Hadès enleva la fille de Déméter, Coré ou Perséphone (Proserpine), qu'il épousa et qui devint ainsi la reine des Enfers. Hadès était redouté des mortels; les légendes et les poètes le représentaient comme un justicier inexorable, et les Furies passaient pour être ses filles. On ne pouvait lui sacrifier que des moutons noirs. L'insigne du pouvoir qu'il exerçait sur les ombres était un sceptre. Mais, d'autre part, Hadès était la personnification mythique de toutes les forces renfermées dans les profondeurs du sol ; sous le nom de Pluton, dérivé du mot grec ploutos' (Plutus), richesse, il était le dieu, qui, caché dans la terre, fait germer les moissons, et qui distribue aux mortels les richesses agricoles. Cette conception d'Hadès-Pluton était très ancienne en Grèce : Hésiode la mentionne dans les Travaux et le Jours (v. 465 et suiv.). Elle se retrouve surtout dans la légende de l'enlèvement de Perséphone, fille de Déméter, et elle explique pourquoi le dieu jouait un rôle important dans les mystères et les mystères d'Eleusis. Après Alexandre, Hadès-Pluton fut assimilé au dieu alexandrin, Sérapis. A l'origine, Sérapis (Osar-Hopi) était, en effet, une divinité chthonienne; il gouvernait les enfers et répandait la prospérité agricole, comme le prouve le calathos ou modius dont il est souvent coiffé. Les Romains assimilèrent Pluton à leur Dis Pater, qui était, lui aussi, le roi du monde souterrain considéré en tant que dispensateur de la fécondité agricole. Il est même probable que Dis Pater n'est autre chose que Dives Pater (le père de la richesse); le nom de la divinité latine aurait ainsi une signification identique à celle du mot grec Ploutôn. Sous l'Empire romain, le culte de Pluton se répandit dans beaucoup de provinces, en particulier dans l'Afrique du Nord, où plusieurs inscriptions nous le montrent tantôt associé à Cérès et à Proserpine, tantôt surnommé Frugifer, le Fécondant. Les Grecs donnaient à Hadès-Pluton une physionomie farouche et triste, qui se retrouve aussi dans les images de Sérapis; ses cheveux retombaient sur son front, et son buste était revêtu d'une ample tunique. Plusieurs vases peints, qui représentent le monde infernal, nous montrent Hadès assis sur un trône, le sceptre en main; parfois Cerbère, le monstre infernal, est couché près de lui; sur d'autres monuments, le dieu est figuré sous les traits caractéristiques de Pluton, c. -à-d. du dieu de la terre féconde : on le voit tantôt entraînant Proserpine sur son quadrige, tantôt assis auprès d'elle et tenant une corne d'abondance, tantôt même maniant en compagnie de Cérès le hoyau et d'autres instruments de labour. Il avait un grand temple à Syracuse, près du lieu où il avait enlevé Proserpine. (J. Toutain). | |