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On donne couramment
le nom de culte du cargo à un phénomène religieux qui est apparu
en Nouvelle-Guinée, aux Îles
Salomon et ailleurs en Mélanésie.
Ce culte, qui est une forme de messianisme, et dont il existe encore des
survivances au Vanuatu, par exemple, est
apparu lors des premiers contacts des populations des îles du Pacifique
occidental avec les missionnaires chrétiens.
Il correspond à une réinterprétation des rituels des missionnaires qui
se sont trouvés associés avec l'arrivée des marchandises apportées
par navire ou par avion (et appelées de façon générique cargo).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, cette interprétation a aussi concerné
les soldats américains, arrivés avec des cargaisons massives de biens
manufacturés (vêtements, nourriture, outils, etc.).
Des prophètes locaux ont expliqué que
la religion des missionnaires leur servait à faire
venir des richesses à bord des navires de leurs "ancêtres". Comme les
Mélanésiens se trouvaient exclus de ces dons supposés, ils ont organisé
un culte préparant la venue de cargos apportés par leurs propres
ancêtres, quitte à abandonner le travail de la terre et à laisser s'installer
la disette.
Les croyances associées
au culte du cargo variaient d'une île à l'autre, mais elles avaient des
éléments communs. Les adeptes croyaient que des ancêtres ou des esprits
envoyeraient des cargaisons de biens matériels pour leur usage, mais que
cela ne se produirait que si les rituels appropriés étaient respectés.
Des quais pour accueillir les navires annoncés, des pistes d'atterrissage,
des maquettes d'avions ou des bâtiments militaires et des entrepôts pour
contenir les marchandises espérées ont même été parfois construits.
Comme tous les messianismes, le culte du cargo est une religion de l'attente.
Un exemple célèbre
de culte du cargo est celui dédié à John Frum, une figure mythique parfois
décrite comme un soldat américain, qui aurait promis de revenir avec
des richesses pour les habitants de l'île de Tanna, au Vanuatu. Les adeptes
de ce culte organisent encore aujourd'hui des cérémonies, le 15 février
de chaque année, en son honneur, espérant son retour avec les promesses
de prospérité. |
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