| Fontaine des Innocents, à Paris (Ier''arrondissement). - Cette fontaine s'élève au milieu du square des Innocents (place Joachim du Bellay). Sa forme est celle d'un petit temple quadrangulaire, sur un très haut soubassement, et percé de 4 arcades dont les axes se croisent. Les pieds-droits sont ornés de deux pilastres composites, cannelés, accouplés. Chaque face a un fronton triangulaire surmonté d'un attique, et le monument se termine par une coupole hémisphérique. Une Naïade en bas-relief occupe les entre-colonnements, et dans l'attique sont 4 bas-reliefs relatifs aux divinités des fontaines. Au milieu du temple, une vasque sur un piédouche lance un gros bouillon d'eau qui retombe en nappes sur le pavé, remplit tout l'intérieur, et s'échappe en lances par-dessus le seuil de chaque arcade : là elle est reçue dans une série de 6 demi-cuves étagées les unes au-dessous des autres et accolées au soubassement, puis se précipite dans un bassin circulaire à fleur du gazon. L'architecture de ce petit monument est d'une rare élégance, et la sculpture joint à la finesse des contours la souplesse des mouvements, la mollesse et la grâce du style : c'est un vrai chef-d'oeuvre. - La Fontaine des Innocents, à Paris. La fontaine des Innocents fut faite sur les dessins de Pierre Lescot, et sculptée par Jean Goujon, en 1550. Alors adossée à l'angle des rues Saint-Denis et aux Fers, elle n'avait que trois façades. En 1788, un vaste marché ayant été établi sur l'emplacement du cimetière des Innocents et de l'église des Innocents, on chercha le moyen de sauver la fontaine. Un ingénieur nommé Six proposa de l'ériger au centre du marché des Innocents, et de conserver pour la construction tous les éléments reproduits dans le gracieux monument de la rue aux Fers. Sa proposition fut heureusement adoptée; on démolit d'abord, ou plutôt on détacha lentement et avec précision toutes les parties qui formaient la décoration de cette fontaine. Mais les deux faces de la décoration ancienne étaient insuffisantes pour orner les quatre côtés de la nouvelle fontaine, il fallait y suppléer par de nouveaux pilastres, de nouveaux bas-reliefs, ajouter, et c'était là le plus difficile, aux cinq figures de Naïades exécutées avec tant de grâce, par Jean Goujon, trois autres Naïades dans le même style. - Le Marché et la fontaine des Innocents au XIXe siècle. Les pierres des deux faces anciennes furent employées à la construction des quatre faces, on les mêla alternativement avec des pierres nouvelles et toutes préparées, on donna aux unes et aux, autres une teinte générale qui détruisit la différence de leur couleur. Par cet amalgame de pierres, par cette teinte commune qu'elles reçurent, l'ensemble du monument fut en harmonie parfaite avec ses anciennes parties, et son architecture conserva son caractère primitif, sans qu'on pût apercevoir aucun des nouveaux raccords. Les trois Naïades ajoutées sont dues à Pajou. L'artiste n'a pu leur donner cette beauté pleine de grâces et de naïveté qui distingue les compositions de Jean Goujon. L'Huillier, Mezières et Danjon ont exécuté les ornements et bas-reliefs qui restaient à faire. En 1856, sous la direction de Davioud, la fontaine fut déplacée et modifiée de nouveau (soubassement pyramidal, six bassins étagés sur chaque côté, vasque de bronze au centre, coupole métallique imitant des écailles de poissons) : elle occupe le centre du square actuel des Innocents; l'oeuvre de Pajou regarde le midi. (C. D-Y.). - La Fontaine des Innocents, face Est. | |