| Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome. - Tarquin, surnommé le Superbe à cause de son caractère orgueilleux et violent, est représenté par la tradition sous les traits d'un tyran sanguinaire. Gendre du roi Servius Tullius, dont il avait épousé la fille Tullia, il passait aux yeux des Romains pour avoir assassiné son beau-père afin de monter plus vite sur le trône. Il aurait d'ailleurs trouvé en Tullia elle-même une complice aussi ambitieuse et aussi cynique que lui. Tarquin traita cruellement l'aristocratie romaine; il gouverna l'Etat sans faire appel au Sénat, considéré jusqu'alors comme le Conseil des rois; il condamna à mort ou à l'exil de nombreux sénateurs, et ne les remplaça pas sur les bancs de la curie. Encouragés par l'exemple du roi, les fils, les parents, les courtisans de Tarquin le Superbe donnèrent libre cours à leurs passions, à leurs haines. L'un d'eux, Sextus Tarquin, fit violence à Lucrèce, l'épouse vertueuse d'un de ses parents, Tarquin Collatin; Lucrèce se tua de honte, et cet attentat, d'après la légende, fit éclater la révolution qui renversa la royauté et fonda la République romaine, révolution dont le caractère aristocratique ne saurait être mis en doute. Ce fut la revanche du patriciat contre un pouvoir royal qui s'était efforcé de réduire autant que possible les privilèges sociaux et politiques des patriciens. Comme Tarquin l'Ancien, Tarquin le Superbe semble bien avoir été d'origine étrusque. La tradition romaine lui attribuait la construction du temple de Jupiter, Junon et Minerve, sur le Capitole; or, cette triade divine était adorée en Etrurie; le nom latin Minerva, en particulier, reproduit exactement le mot étrusque Menrva. A l'extérieur, Tarquin le Superbe fit preuve d'une grande activité guerrière. Il s'empara de plusieurs villes, Gabies, Collatie, etc., dont les territoires furent annexés à l'ager romanus. Dans chacune de ces cités, il frappait surtout l'aristocratie, comme à Rome il s'efforçait d'abattre le patriciat. Tarquin le Superbe fut détrôné et chassé de Rome en 510 av. J.-C (d'après la chronologie des historiens romains). Il essaya de soulever contre la République romaine, qui venait de se constituer, plusieurs peuples voisins. Il n'est pas attesté formellement que ce soit lui qui ait excité contre Rome le chef étrusque Porsenna; mais poussa à la guerre le dictateur latin de Tusculum, Octavius Mamilius; une lutte de plusieurs années s'engagea entre Rome et les Latins; Rome, en 496, remporta la victoire décisive du lac Régille. Vers la même époque, Tarquin mourut. (J. Toutain). | |