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Blasphème

Un blasphème est , pour l'adepte d'une religion, un acte considéré comme impie, qui consiste notamment à nier l'existence de Dieu; à lui attribuer ce qui ne lui convient pas, comme l'injustice, ou à lui refuser ce qui lui appartient, comme la sagesse, la puissance; à parler avec irrévérence des mystères de la religion, des choses saintes, à prononcer des jugements avec emportement ou mépris et en y mêlant des noms sacrés. Il consiste en paroles, tandis que le sacrilége consiste en actions. Point de fixation de l'intolérance religieuse, l'accusation de blasphème a de tout temps servi de prétexte à quelques-uns des crimes les plus odieux crimes commis au nom des religions.

L'Église catholique regarde le blasphème comme un péché mortel, et, quand il a été public, le range dans les cas réservés. Dans presque tous les temps, le blasphème fut assimilé à un crime capital : chez les Hébreux (Judaïsme), le blasphémateur était lapidé (Lévitique, ch. 24, § 14 et 16).

La 77e novelle de Justinien prononce la peine de mort contre les blasphémateurs; les Capitulaires infligent même cette peine à ceux qui ne les dénonceraient pas. Philippe-Auguste condamna les coupables, s'ils étaient nobles, à une amende; s'ils étaient roturiers, on les mettait dans un sac, et on les jetait à l'eau. 

Louis IX les faisait marquer d'un fer chaud au front, et, en cas de récidive, on leur perçait la langue d'un fer rouge. Par lettres patentes de Philippe de Valois en date du 22 février 1347, le blasphémateur était, pour la première fois, attaché au pilori, en butte aux ordures que lui lançaient les spectateurs, et condamné au pain et à l'eau pendant un mois; les cas de récidive entrainaient la perte des lèvres et même celle de la langue. Louis XII, par édit du 9 mars 1510, réduisit les pénalités à l'amende et à l'emprisonnement; le pilori ne devait être infligé qu'aux récidivistes. 

Cependant, les parlements infligèrent encore des peines plus cruelles, comme être brûlé vif, avoir les lèvres fendues et la langue percée avec un fer brûlant. Les dernières dispositions contre le blasphème sont les ordonnances de 1666 et 1681 : elles condamnaient les coupables à une amende pour la première fois, à une amende double pour la deuxième, la troisième et la quatrième, au carcan pour la cinquième, au pilori et à la perte de la lèvre supérieure pour la sixième, et à la perte de la langue pour la septième. 

Un décret du pape Pie V (1566) condamna les blasphémateurs à une amende pour la première fois, au fouet pour la deuxième; s'ils étaient ecclésiastiques, ils étaient dégradés et envoyés aux galères : plus tard, le châtiment fut réduit à une amende honorable prononcée devant les autels. En Suisse, le blasphémateur était condamné à perdre le nez et la lèvre jusqu'aux dents. Depuis la Révolution de 1789, le blasphème a été rayé, comme délit, de la législation française. (B.).



En librairie - Jacques de Saint Victor, Blasphème : brève histoire d'un «crime imaginaire», Gallimard (2016).

Caroline Fourest, Eloge du blasphème (essai), Grasset (2015).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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