| La légende de Roméo et Juliette, plus ou moins authentique, qui a si bien inspiré Shakespeare (voir plus bas), a été maintes fois racontée au Moyen âge (Xénophon d'Ephèse, Masuccio de Salerne [1476]), a été fixée, dans la première moitié du XVIe siècle, par l'émouvante nouvelle du Vicentin Luigi da Porto (vers 1524), Les familles véronaises des Montecchi et des Cappelletti, anglicisées en Montaigu et Capulet par le grand tragique, ont sûrement existé. Dante les nomme au sixième chant du Purgatoire. Elles étaient toutes deux gibelines, mais la légende nous les montre séparées par une mortelle haine politique, qui forme le point de départ du drame. Le fils et la fille de leurs deux principaux représentants, Roméo Montechsi et Giulietta Cappelletti, qui se sont rencontrés par hasard, se vouent un amour éternel, parviennent à so marier secrètement, mais ne trouvent enfin de refuge et d'union assurée que dans la mort. De ce thème assez simple, Luigi da Porto a su faire un récit merveilleusement touchant. Mise en vers, dès 1553 par une certaine Clizia de Vérone (un pseudonyme), la légende fut reprise par Matteo Bandello, en 1554 et par Arthur Brooke, en 1562, dans un poème anglais qui est peut être l'unique source de Shakespeare. On montre encore à Vérone le cercueil on marbre qui passe pour avoir été la tombe des deux amants. (NLI). - Au nombre des oeuvres inspirées par la légende de Roméo et Juliette, citons : les Adieux de Roméo et Juliette, par Delacroix (1846); le Roméo et Juliette, ci-dessus, de Charles Jalabert (1857); le tableau de Louis Boulanger, Roméo achetant du poison, et celui de Hermann Goldschmidt, Juliette se réveillant dans les bras de son amant inanimé et se donnant la mort. D'autres tableaux relatifs à Roméo et Juliette ont été exposés par Alexandre Colin, Chiflart, James Bertrand. Un beau groupe de marbre d'Antony Noël (1875) représente Juliette se penchant sur le corps inanimé de Roméo , soulevant sa tête apesantie par le dernier sommeil lui et donnant un suprême baiser. | | |
| Roméo et Juliette est une tragédie en cinq actes, de Shakespeare, dont la date est incertaine. Elle fut composée, croit-on, à cieux périodes différentes, en 1591 et en 1597. Outre les beautés qu'offre cette pièce, elle a un intérêt particulier, car ce fut la première tragédie de Shakespeare; seul, un homme jeune a pu écrire certaines scènes de Roméo et Juliette et trouver les vrais accents de la passion et de l'amour. Un autre sujet d'admiration, c'est la manière dont Shakespeare a su peindre l'Italie et les Italiens, car les personnages, leur ardeur lyrique, leur impétuosité méridionale, le ton de leur langage n'ont rien anglais. Voici le sujet du drame : deux familles puissantes, les Capulets et les Montaigus, troublaient Vérone par leurs querelles; mais Roméo, un Montaigu, aperçoit Juliette, une Capulet, et les deux jeunes gens s'aiment éperdument; un religieux franciscain les marie en secret, dans l'espoir que cette union amènera une réunion entre les deux familles ennemies. Malheureusement, Roméo, provoqué par un cousin de Juliette, met l'épée à la main et le tue. Le prince de Vérone exile Roméo, avec menace de mort s'il ne quitte la ville sur-le-champ. La scène des adieux, au balcon de Juliette, est une des plus gracieuses et des plus touchantes de Shakespeare. Bientôt Juliette va être obligée d'épouser un homme qu'elle déteste. Elle simule la mort, grâce à un narcotique, et, se fait transporter dans la sépulture de sa famille, afin d'échapper à ce mariage. Mais Roméo accourt; croyant que Juliette n'est plus, il avale un poison et meurt à ses côtés. Lorsque la jeune femme se réveille, elle se frappe avec le poignard même de Roméo. Les moyens qui amènent le dénouement sont un peu puérils, mais Shakespeare rachète tout par la beauté poétique dont il a su parer ce drame, le chef-d'oeuvre de ses tragédies de jeunesse. Plusieurs opéras ont été écrits sur ce thème, en particulier le Roméo et Juliette de Gounod. (NLI). |