| On donne le nom de complainte à un chant populaire, à un récit naïf et plaintif d'une action réelle ou imaginaire, ayant son exposition, ses péripéties et son dénouement. C'était autrefois une oeuvre sérieuse, où l'on racontait les traditions et les légendes, avec l'intention d'intéresser ou d'édifier les esprits. Ainsi, la Mort de Roland à Roncevaux était une complainte guerrière, qu'on chantait encore au XIe siècle : il en fut de même de la chanson de La Palisse, qu'on a depuis burlesquement rajeunie. - Une complainte populaire « Gentilz gallans de France, Qui en la guerre allez, Je vous prie qu'il vous plaise Mon amy saluer. » « Comment le saluroye Quant point ne le congnois? » « Il est bon a congnoistre, Il est de blanc armé; « Il porte la croix blanche, Les esperons dorez, Et au bout de sa lance Ung fer d'argent doré. » « Ne plorez plus, la belle, Car il est trespassé : Il est mort en Bretaigne, Les Bretons l'ont tué. « J'ay veu faire sa fousse L'orée d'ung vert pré, Et veu chanter sa messe A quatre cordelliers. » | Le Planh n'était autre chose qu'une complainte ou élégie chantée. La complainte est devenue ensuite triviale et burlesque dans la forme. Telles sont celles que les colporteurs vendaient autrefois par les campagnes et qu'on trouvera encore au XIXe siècle dans les cabarets et les auberges, appendues aux murailles et grossièrement enluminées, le Juif errant, Geneviève de Brabant, etc. Par la suite la complainte n'a plus eu ce caractère d'ingénuité et de bonne foi : elle ne s'est plus exercée plus qu'à parodier, dans un langage grotesque, les drames judiciaires et les grands crimes : on en a fait sur la machine infernale de la rue Saint-Nicaise, sur Fualdès, Papavoine, Fieschi, etc. (A19). | |