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Le Traité
des Catégories est une oeuvre d'Aristote.
C'est le premier des cinq traités réunis sous le titre collectif
d'Organon .
Par ce nom de catégories, qu'il a rendu
si célèbre dans le monde philosophique, Aristote n'entend
pas désigner, comme Kant, les notions a
priori, c'est-à-dire les idées
que notre intelligence ne doit qu'à
elle-même et qu'elle possède sans le secours de l'expérience;
il n'admettait pas l'existence de telles notions; mais il s'efforce d'énumérer
les idées les plus générales auxquelles l'induction
puisse nous élever en partant de l'expérience.
" Les systèmes
de catégories qui ont été composés par les
modernes, dit Ch. Renouvier bien qu'ils ne
nous semblent pas fondés dans toutes leurs parties sur des divisions
nécessaires, ont sur le système d'Aristote une immense supériorité
[...]. Il manqua à Aristote d'avoir compris que cette force qui,
dans notre entendement, compose le général, en unissant,
en fixant les notions empiriques jusque-là désordonnées,
n'explique pas les principes universels, mais plutôt les suppose
et ne peut que représenter le mode d'application que nous en faisons
aux réalités sensibles occasionnelles. Il lui manqua aussi
de s'être rendu compte des formes générales de la sensibilité,
le temps, l'espace, formes qui nous sont tout a fait propres et que nous
ne connaissons au dehors que parce que nous les portons en nous. "
Les dix catégories.
Il reconnaît dix catégories
: la substance ou essence, la quantité, la qualité, la relation,
le lieu, le temps, la situation, la possession, l'action et la passion.
La
substance.
La substance
est ce qui est représenté par le sujet dans la proposition,
ce qui n'existe pas dans un autre sujet, mais en soi-même. Or, il
y a deux sortes de sujets; les uns ne perdent jamais leur caractère,
c'est-à-dire qu'ils ne peuvent, dans aucun cas, servir d'attribut;
les autres le perdent quelquefois, au moins dans l'expression et en apparence,
sinon en réalité. Les premiers, qui représentent les
individus; sont les substances premières; les autres n'expriment
que des genres et des espèces; ce sont les substances secondaires.
La
quantité.
La quantité
peut être divisée, discrète, comme les nombres et les
sons articulés, ou continue, comme l'étendue et la durée.
L'étendue et la durée forment, à leur tour, deux espèces
de quantités continues : la position caractérise la première,
l'ordre et non la position convient à la seconde. Le rapport d'égalité
et d'inégalité appartient exclusivement à la catégorie
de quantité. L'égalité, c'est l'unité de quantité,
comme l'identité est l'unité de substance.
La
qualité.
Les faits nombreux qu'on désigne
sous le nom général de qualité
peuvent se diviser en quatre classes :
1° les qualités de
l'âme, durables ou passagères, c'est-à-dire les habitudes
et les dispositions;
2° les perfections et les imperfections
du corps;
3° les simples modificalions de l'âme,
c'est-à-dire les passions;
4° les qualités générales
des corps, tant animés qu'inanimés. La ressemblance, c'est
l'unité de qualité, comme l'égalité est l'unité
de quantité.
La
relation.
Le caractère particulier de la
catégorie de relation, ce qui la distingue
essentiellement de toutes les autres, c'est la réciprocité.
Ainsi l'on peut dire indifféremment, en parlant de deux qualités,
que la première est la moitié de la seconde, ou que la seconde
est le double de la première. Il faut choisir les termes les plus
propres a faire ressortir ce caractère de réciprocité.
Les
autres catégories.
Aristote s'étend fort peu sur les
six autres catégories, qui, dit-il, se comprennent d'elles-mêmes.
Oppositions, priorités,
simultanéités, mouvements.
A cette étude des catégories,
Aristote ajoute une analyse des oppositions, des priorités, des
simultanéités, des mouvements.
Les
oppositions.
Il distingue quatre sortes d'oppositions
:
1° les corrélatifs,
c'est-à-dire les deux termes correspondants d'un rapport ordinaire,
comme le double et la moitié;
2° les contraires, comme le bien et
le mal;
3° l'opposition de possession à
privation;
4° les contradictoires ou l'opposition
d'affirmation à négation.
Les
priorités.
Il distingue trois sortes de priorité
:
1° la priorité dans
le temps ou chronologique;
2° la priorité logique, comme
celle d'un principe relativement à ses conséquences;
3° la priorité qu'on nommerait
aujourd'hui ontologique, c'est-à-dire celle de l'existence relativement
à la connaissance.
Les
simultanéités.
Les différents modes de simultanéité
sont analogues aux modes de priorité; simultanéité
chronologique, c'est-à-dire entre deux êtres ou deux faits
contemporains; simultanéité logique, c'est-à-dire
existant dans la pensée entre deux termes corrélatifs; simultanéité
dans l'espace, c'est-à-dire entre les différentes parties
constitutives d'un même tout lorsqu'elles ne sont pas subordonnées
l'une a I'autre.
Les
mouvements.
Quant aux modes de mouvement, ils sont
au nombre de six : formation et destruction, accroissement et diminution,
altération et déplacement. (PL). |
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