| Une anaphore (du grec anaphora, report ou retour) est une espèce particulière de répétition qui consiste à recommencer de la même manière divers membres d'une phrase ou d'une période, afin de fixer l'attention, de faire une impression plus profonde en appuyant d'une manière marquée sur les idées qu'on juge les plus importantes, sur les objets auxquels on veut surtout intéresser, sur les sentiments dont on est animé, pénétré, etc. En voici un exemple tiré de l'Iphigénie de Racine (IV, 6); c'est Achille qui s'adresse à Agamemnon : Je n'y vais que pour vous, barbare que vous êtes; Pour vous, à qui des Grecs moi seul je ne dois rien; Vous que j'ai fait nommer et leur chef et le mien; Vous que mon bras vengeait dans Lesbos enflammée, Avant que vous eussiez assemblé votre armée. Dans l'exemple suivant, pris du Louis XI (I, 4) de C. Delavigne, c'est Coitier, médecin de Louis XI, qui se plaint que le roi veut l'avoir toute la nuit près de son lit : C'est moi qu'il fait asseoir au pied du lit royal, Où l'insomnie ardente irrite encor son mal; Moi, que d'un faux aveu sa voix flatteuse abuse, S'il craint qu'en sommeillant un rêve ne l'accuse; Moi, que dans ses fureurs il chasse avec dédain; Moi, que dans ses tourments il rappelle soudain; Toujours moi, dont le nom s'échappe de sa bouche, Lorsqu'un remords vengeur vient secouer sa couche. Il y en a de très beaux exemples dans Virgile : Te, dulcis conjux, te solo in littore secum, Te, veniente die, te, decedenre, canebat. (F.). | |