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Philip
Roth
est un écrivain américain né
le 19 mars 1933 Ã Newark, (New Jersey) et mort le 22 mai 2018 Ã Manhattan
(New York). Il est surtout connu pour ses explorations des identités juive
et américaine, ainsi que pour ses réflexions sur la sexualité, la politique
et la mortalité. Son roman le plus célèbre est probablement Portnoy
et son complexe (1969), uneoeuvre audacieuse et satirique qui a marqué
l'Amérique pour son analyse des désirs sexuels et des relations familiales
complexes. Roth a également écrit des œuvres plus sérieuses comme Pastorale
américaine, qui examine le rêve américain et ses désillusions.
Il a été salué pour sa profondeur psychologique et son sens de l'humour
noir.
Philip Roth grandit
dans une famille juive de classe moyenne, dans le quartier de Weequahic,
un quartier juif de Newark, New Jersey. Son père, Herman, travaille dans
les assurances et valorise la culture et l'éducation. Roth est un élève
brillant et montre un intérêt précoce pour la littérature. Il étudie
la littérature à l'Université Bucknell, où il obtient un baccalauréat
en 1954, puis à l'Université de Chicago, où il termine une maîtrise
en littérature anglaise. À Chicago, il rencontre des écrivains et professeurs
qui encouragent son écriture. À la fin des années 1950, Philip Roth
publie des nouvelles dans des magazines littéraires, ce qui attire rapidement
l'attention des critiques et du public. En 1959, il publie Goodbye,
Columbus, un recueil de nouvelles qui lui vaut le National Book Award
en 1960. La nouvelle principale, Goodbye, Columbus, raconte la relation
conflictuelle entre Neil Klugman, un jeune juif de classe moyenne, et Brenda
Patimkin, issue d'une famille juive aisée. Le recueil parcourt les thèmes
de l'assimilation, de la pression sociale, et de l'identité juive
dans une Amérique en pleine mutation. Goodbye, Columbus suscite
la controverse au sein de la communauté juive, qui accuse Roth de caricaturer
et de ridiculiser la vie juive américaine. Cependant, ce recueil marque
son entrée remarquée dans le monde littéraire et établit Roth comme
un écrivain qui n'hésite pas à aborder des sujets sensibles avec un
regard acéré et un humour incisif.
Dans les années
1960, Roth commence à écrire des romans plus audacieux. Letting Go
(1962) et When She Was Good (1967) abordent des thèmes psychologiques
et sociaux, mais c'est avec Portnoy’s Complaint (1969) qu'il connaît
un succès retentissant. Portnoy’s Complaint est une satire qui
prend la forme d'une confession d'Alexander Portnoy à son psychiatre.
Le roman aborde ouvertement les questions de sexualité, de culpabilité,
et d'identité juive. Le personnage de Portnoy, déchiré entre son désir
de liberté sexuelle et son éducation stricte et culpabilisante, est une
figure provocatrice qui suscite à la fois l'indignation et l'admiration.
Portnoy’s Complaint devient un best-seller et fait de Roth une
célébrité littéraire, mais il est également vivement critiqué pour
son langage explicite et sa représentation de la sexualité et des familles
juives. Ce roman établit la réputation de Roth comme un écrivain subversif,
prêt à explorer des tabous dans une Amérique encore marquée par des
conventions sociales strictes.
Dans les années
1970, Roth continue d'écrire et d'évoluer en tant qu'auteur, bien
que cette décennie soit marquée par une certaine introspection et une
remise en question de son style et de ses thèmes. En 1972, il publie The
Breast, un roman absurde et allégorique où le protagoniste, David
Kepesh, se transforme en un sein géant. Ce livre, inspiré par La Métamorphose
de Kafka, illustre le désir de Roth d'expérimenter
de nouveaux genres et d'élargir son approche littéraire. En 1974, il
publie My Life as a Man, un roman complexe et introspectif qui traite
des rapports de genre etde la difficulté des relations personnelles.
Ce livre est parfois perçu comme une oeuvre semi-autobiographique, inspirée
de son propre mariage difficile avec l'actrice Margaret Martinson, une
relation tumultueuse qui a profondément marqué sa vision des relations
humaines. Durant cette période, Philip Roth passe également beaucoup
de temps en tant que professeur et écrivain en résidence dans diverses
universités. Son travail littéraire, cependant, est de plus en plus reconnu.
Dans la seconde moitié
des années 1970, Roth crée le personnage de Nathan Zuckerman, un double
fictif qui deviendra le protagoniste de plusieurs de ses oeuvres. Il apparaît
pour la première fois dans The Ghost Writer (1979), un roman dans
lequel le romancier examine la difficulté d'être un écrivain juif
dans une société américaine en proie à des stéréotypes culturels
et religieux. Zuckerman est un jeune écrivain en quête de reconnaissance,
mais son succès le confronte à des dilemmes moraux et identitaires. La
Trilogie de Zuckerman, composée de The Ghost Writer, Zuckerman Unbound
(1981), et The Anatomy Lesson (1983), suit la vie de cet alter ego
de Roth, parcourant des thèmes tels que la célébrité, la créativité,
et les conflits internes d'un auteur qui, comme l'auteur lui-même, doit
faire face aux critiques pour ses représentations audacieuses de la judéité
et de la sexualité. Un quatrième livre, The Prague Orgy (1985),
sert de conclusion à la trilogie, offrant une réflexion sur la liberté
et la censure, particulièrement en lien avec la culture juive en Europe
de l'Est.
Les années 1990
marquent une nouvelle étape dans la carrière de Philip Roth, durant laquelle
il adopte un ton plus politique et sociétal, tout en se penchant sur l'histoire
américaine. En 1997, il publie Pastorale américaine (American
Pastoral), l'un de ses romans les plus acclamés. Ce roman analyse
le rêve américain et ses failles à travers la vie de Seymour "Swede"
Levov, un homme d'affaires prospère dont la vie bascule lorsque sa fille
rejoint un mouvement radical et commet un attentat. Pastorale américaine
lui vaut le prix Pulitzer et confirme son talent pour décrire la complexité
de la société américaine. Roth poursuit cette veine politique avec J’ai
épousé un communiste (1998), qui se déroule pendant l'ère maccarthyste,
et La Tache (The Human Stain, 2000), une réflexion sur l'hypocrisie
et le politiquement correct dans l'Amérique contemporaine.
Dans les années
2000, Roth se concentre de plus en plus sur des thèmes introspectifs liés
à la vieillesse, à la solitude, et à la mort. En 2004, il publie The
Plot Against America (Le Complot contre l'Amérique), un roman
uchronique dans lequel Charles Lindbergh, connu pour ses sympathies antisémites,
devient président des États-Unis et installe un régime autoritaire.
Ce livre, salué par la critique, parle des dangers de l'antisémitisme
et du fascisme, tout en offrant une vision alternative de l'histoire
américaine. Roth entame ensuite une série de romans courts sur la fin
de vie, dont Everyman (2006), Indignation (2008), The
Humbling (2009), et Nemesis (2010). Ces oeuvres sont marquées
par une réflexion sur la mortalité, les regrets et l'acceptation de
la vieillesse. Everyman , qui aborde sans concession la question
de la mort, est particulièrement apprécié pour sa sensibilité et sa
simplicité. Ces ouvrages témoignent d'une phase de réflexion existentielle,
alors que Roth approche de la fin de sa propre vie. En 2012, après la
publication de Nemesis, Philip Roth annonce qu'il arrête d'écrire,
considérant qu'il a dit tout ce qu'il souhaitait dire dans sa carrière.
Il relit ses oeuvres et se confie dans plusieurs interviews, expliquant
qu'il préfère se retirer de l'écriture avant que celle-ci ne devienne
une charge. En 2014, il accorde une interview à la BBC où il confirme
son désir de ne plus écrire, une décision qu'il maintiendra jusqu'Ã
sa mort |
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