Garcia I^er, comte de Castille

Sa plus forte place, San Esteban de Gormaz, fut emportée et la cavalerie maure se répandit jusqu'au Duero. Bermudo II de Léon s'unit au comte de Castille et lui céda même le commandement. Le choc suprême eut lieu entre Alcocer et Langa. Les Castillans, réunis aux montagnards basques et galiciens, attendaient l'ennemi sous leur chef, Garcia Fernandez, « le bon chevalier, le roi des chrétiens des monts », comme l'appellent les historiens arabes. Ils occupaient les hauteurs, fortement retranchés. Pour les attirer en plaine, les Maures feignirent de s'enfuir, après une attaque infructueuse. Alors, sans écouter leur comte qui cherchait à les retenir, les Espagnols chargèrent avec des cris épouvantables et descendirent la colline, en gens déjà sûrs de la victoire. Attaqués de tous côtés, ils furent rompus malgré leur acharnement : la tuerie fut énorme. 

Parmi les prisonniers figurait le vaillant comte Garcia, mais si couvert de blessures qu'il mourut quelques jours après cette défaite, en dépit des soins que lui prodiguèrent les vainqueurs. Al-Mansour fit enfermer le corps de son ennemi dans un cercueil, enveloppé d'un drap d'or et d'écarlate, embaumé de précieux parfums. C'est en cet état que les Musulmans le rendirent aux Chrétiens. L'hadjeh refusa les présents qui lui furent offerts en échange du cadavre, (d'après Conde, 995, 385 de I'hégire). 

Garcia Fernandez eut pour successeur son fils Sancho Garcez. Suivant une légende, Garcia Fernandez aurait épousé une Française, venue en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle (les Espagnols la nomment doña Argentina). Argentina, profitant d'une maladie de son époux, se serait enfuie en France avec un amant. Le comte, déguisé, partit de Castille, les découvrit et les tua tous deux. C'est sous Garcia Fernandez que l'on place la tragique histoire des sept infants de Lara, fils de Gonzalo Gustios, sire de Salas, tombés à la bataille d'Arabiana par la trahison de leur oncle, Ruy Velazquez, l'allié d'Almanzor (Al-Mansour). (Lucien Dollfus).