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Charles Friedel
est un chimiste et minéralogiste
français, né à Strasbourg
le 12 mars 1832, mort à Montauban
le 20 avril 1899. Après avoir fait ses études à Strasbourg,
il entre d'abord dans les bureaux de son père, négociant
et banquier, puis il vient à Paris chez Duvernoy, son grand-père,
professeur au Collège de France et au Muséum.
Il eut de bonne heure le goût de
la minéralogie. En 1856, sur la proposition de Sénarmont,
il fut nommé conservateur de la collection de minéralogie
de l'Ecole des mines; puis il travailla au laboratoire de Wurtz et publia,
en 1869, deux thèses remarquables pour obtenir le diplôme
de docteur ès sciences, l'une sur les acétones et les aldéhydes,
l'autre sur les propriétés pyroélectriques des cristaux.
Il fut chargé, en 1871, de faire
des conférences de minéralogie à l'Ecole normale,
en remplacement de Des Cloizeaux, ce qui lui valut peu de temps après
la place de maître de conférences. Nommé professeur
de minéralogie à la Sorbonne en 1876, en remplacement de
Delafosse, il échangea cette chaire en 1884 contre celle de la chimie
organique, laissée vacante par la mort de Wurtz. Dans l'intervalle,
il fut nommé membre de l'Institut, en remplacement de Regnault.
Friedel s'est surtout occupé de la reproduction des minéraux.
Il a obtenu, par voie humide, en collaboration
avec Sarasin, un grand nombre de composés naturels, notamment l'orthose,
l'albite, le quartz, divers sels de cuivre et de plomb, etc.; et, en dernier
lieu, la topaze. Il a reproduit, par l'action du mica sur les alcalis,
des terres alcalines, des silicates alcalins, la néphéline,
l'amphigène, la sodalithe, l'anorthite; enfin, on lui doit de nombreuses
déterminations cristallographiques, comprenant un certain nombre
d'espèces nouvelles; citons un cristal de diamant hémitrope,
l'adamine, le dimorphisme du sulfure de zinc. Il a cultivé avec
non moins de succès la chimie organique. On lui doit la synthèse
du méthylbenzoyle, des études sur les méthylehloracétols,
l'hydrogénation de l'acétone, la pinacone et la pinacoline,
les dérivés organométalliques du silicium et du titane.
En collaboration avec Machuca, il prépare
les dérivés bromés des acides propionique et butyrique,
ce qui amène la synthèse de l'acide lactique ordinaire. Avec
Crafts, il obtient le silicium-éthyle, les éthers siliciques
et d'autres dérivés appartenant à la même famille.
Avec Ladenburg, il effectue la synthèse du diméthylcarbodiéthyle,
puis celle du silicichlorolorme; il étudie la série éthylique
du silicium et met en lumière la grande analogie du silicium avec
le carbone. En collaboration avec Silva, il s'occupe de l'isomérie
des dérivés à six équivalents de carbone, ce
qui le conduit à la synthèse de la glycérine. Enfin,
citons un travail extrêmement remarquable, en commun avec Crafts
: c'est l'obtention de carbures, d'acétones, d'aldéhydes,
d'acides organiques, etc., par l'action des chlorures alcooliques ou acides
sur les carbures aromatiques, en présence du chlorure d'aluminium,
méthode féconde qui a permis de réaliser la synthèse
d'une foule de matières organiques.
Plus tard, il a consacré ses recherches
à l'acide camphorique, aux les hexachlorures de benzène,
qu'il considère comme des isomères stéréochimiques.
Friedel n'est pas seulement un savant
: il a eu le mérite de former autour de lui une véritable
école de jeunes chimistes. (E. Bourgoin). |
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