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Assia Djebar

Assia Djebar (Fatima-Zohra Imalayen) est une Ă©crivaine, cinĂ©aste, historienne et acadĂ©micienne algĂ©rienne, nĂ©e le 30 juin 1936 Ă  Cherchell (AlgĂ©rie) rt morte  le 6 fĂ©vrier 2015 Ă  Paris. Elle a Ă©tĂ© une des voix les plus importantes de la littĂ©rature maghrĂ©bine contemporaine. Parcourant les thèmes de l'histoire de l'AlgĂ©rie et de l'identitĂ© culturelle, son oeuvre est d'abord une plongĂ©e profonde dans la condition des femmes, en particulier dans les sociĂ©tĂ©s musulmanes et coloniales. 

Djebar grandit dans une famille instruite et ouverte, ce qui lui permet d'accéder à une éducation de qualité. En 1955, elle devient la première femme algérienne à intégrer l'École normale supérieure de Sèvres en France. Elle y étudie l'histoire. Bientôt, elle s'engage pour l'indépendance de l'Algérie et prend part au mouvement nationaliste algérien, tout en entamant sa carrière de romancière.

Après l'indépendance de l'Algérie,en 1962, elle enseigne la littérature française à l'université d'Alger. Plus tard, elle occupe divers postes académiques aux États-Unis. En 2005, elle devient la première femme nord-africaine élue à l'Académie française.

Dans ses oeuvres, Djebar utilise l'histoire personnelle pour illuminer l'histoire collective, mêlant autobiographie et histoire nationale. Elle donne une voix aux femmes marginalisées et invisibilisées. Elle interroge aussi le sens son utilisation pour écrire de la langue française, qui est la langue de l'ancien colonisateur, au regard de son identité algérienne. Principaux écrits :

 â€˘ La Soif (1957), roman publiĂ© alors que son autrice est encore Ă©tudiante, raconte l'histoire de Nadia, une jeune fille algĂ©rienne de la bourgeoisie qui se dĂ©bat avec ses sentiments et son dĂ©sir de libertĂ© dans un contexte social restrictif. Ce roman d'apprentissage aborde les thèmes de l'Ă©mancipation fĂ©minine et de la recherche de soi. Ă€ travers le personnage de Nadia, Djebar examine les aspirations, les friustrations et les contradictions des jeunes femmes algĂ©riennes de son Ă©poque.

 â€˘ Les Impatients (1958) est le second roman de Djebar. Elle continue d'y parcourir les thèmes de la jeunesse et de la libertĂ©. Le livre suit trois jeunes gens, dont une femme, qui tentent de naviguer entre les attentes de la sociĂ©tĂ© traditionnelle algĂ©rienne et leurs propres dĂ©sirs de modernitĂ© et d'indĂ©pendance. L'Ă©crivaine y dĂ©crit avec sensibilitĂ© les frustrations et les espoirs de cette gĂ©nĂ©ration.

• Les Enfants du Nouveau Monde (1962). - Dans ce roman, Djebar plonge dans le contexte de la guerre d'indĂ©pendance algĂ©rienne, en se concentrant sur la vie quotidienne des habitants d'un village algĂ©rien. Le livre dĂ©crit les expĂ©riences des femmes et des enfants pendant cette pĂ©riode tumultueuse, soulignant leur courage et leur rĂ©silience. L'autrice y montre comment la guerre transforme les rĂ´les sociaux et les dynamiques familiales. 

• Les Alouettes naïves (1967) est un roman qui situe lui aussi son action dans la période de la guerre d'indépendance. Il se concentre cette fois sur les contradictions et les conflits internes des combattants de la liberté. Djebar examine les défis et les tensions entre les idéaux révolutionnaires et les réalités brutales de la guerre auxquels sont confrontés ceux qui luttent pour l'indépendance. Les personnages doivent naviguer entre leurs aspirations personnelles et les exigences de la lutte collective.

• Femmes d'Alger dans leur appartement (1980) est un recueil de nouvelles et d'essais gravitant autour des vies et des expériences des femmes algériennes. Le titre fait référence au célèbre tableau d'Eugène Delacroix : l'écrivaine s'en inspire pour dévoiler l'intimité et la diversité des femmes algériennes, enfermées dans des rôles traditionnels mais aspirant à la liberté et à l'autonomie. L'ouvrage mêle fiction et réflexion critique. Il offre une vision nuancée et empathique de la condition féminine dans une société en mutation.

 â€˘ L'Amour, la fantasia (1985). - Dans ce roman, Djebar parcourt les thèmes de l'histoire et de la mĂ©moire Ă  travers un rĂ©cit entrelacĂ© de faits historiques et d'autobiographie. Le livre retrace la conquĂŞte coloniale de l'AlgĂ©rie par la France au XIXe siècle et les souvenirs de l'autrice. Il est une rĂ©flexion poignante sur la violence coloniale et ses rĂ©percussions sur les gĂ©nĂ©rations suivantes. Djebar utilise une structure narrative Ă©laborĂ©e oĂą la voix fĂ©minine est centrale, mĂŞlant des fragments de textes historiques avec des tĂ©moignages personnels. 

• Ombre sultane (1987) est la suite de L'Amour, la fantasia. Le roman continue d'interroger la condition des femmes algériennes à travers les destins croisés de deux femmes, Isma et Hajila. L'autrice s'attarde sur les thèmes de l'enfermement et de la libération féminine. Elle utilise une narration polyphonique pour donner voix à ces femmes. Le roman est une critique de la société patriarcale algérienne et une quête de liberté et d'émancipation pour les femmes.

 â€˘ Vaste est la prison (1995) est le troisième volet de la tĂ©tralogie autobiographique entamĂ©e avec L'Amour, la fantasia. L'Ă©crivaine y approfondit sa rĂ©flexion sur l'histoire, la langue et l'identitĂ©. Le rĂ©cit suit le parcours d'une femme qui tente de se libĂ©rer des entraves de la tradition et de trouver sa propre voix. L'auteure y mĂ©lange fiction, autobiographie et histoire pour crĂ©er une mosaĂŻque narrative complexe et riche. 

 â€˘ Le Blanc de l'AlgĂ©rie (1995). - Dans cet essai poignant, Djebar rend hommage aux intellectuels et artistes algĂ©riens assassinĂ©s pendant la dĂ©cennie noire des annĂ©es 1990. Elle Ă©voque la perte et le deuil de figures marquantes de la culture algĂ©rienne, tout en dĂ©nonçant la violence et le terrorisme qui ont ravagĂ© son pays. Ce livre est Ă  la fois un acte de mĂ©moire et un cri de douleur face Ă  la tragĂ©die nationale.

• La Disparition de la langue française (2003). - Ce roman parle de l'exil et du retour au pays natal. Le personnage principal, Berkane, revient en Algérie après plusieurs années en France et se confronte à un pays transformé et à une langue, l'arabe, qu'il ne maîtrise plus. Djebar y examine les questions de l'identité linguistique et culturelle, et la difficulté de se réapproprier son héritage dans un contexte postcolonial.

• Nulle part dans la maison de mon père (2007). - Dernière oeuvre publiée de Djebar, ce roman autobiographique revient sur son enfance et son adolescence en Algérie. L'autrice y raconte son rapport complexe avec son père, sa découverte de la langue française et son éveil à la conscience politique. Ce livre est un retour aux sources, un voyage introspectif qui éclaire les influences et les expériences qui ont façonné l'écrivaine.

Les films d'Assia Djebar :
• La Nouba des femmes du mont Chenoua (1978) est un film qui raconte les souvenirs et les expériences des femmes algériennes. Il a été récompensé par le prix de la critique internationale au Festival de Venise.
• La Zerda ou les chants de l'oubli (1982) est un  documentaire qui utilise des images d'archives pour retracer l'histoire de l'AlgĂ©rie coloniale.
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