Aperçu
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Les feux follets
sont phénomènes lumineux un peu à part pour lesquels
il ne semble pas en exister aujourd'hui d'explication totalement satisfaisante.
Au moins est-il admis qu'ils n'ont pas une origine électrique, même
si l'on a parfois signalé que le temps orageux peut favoriser leur
apparition. On évoque plutôt la combustion de matières
organiques en suspension dans l'air, ou bien des phénomènes
de phosphorescence.
Ces phénomènes correspondent
à des lueurs erratiques, parfois jaunes, d'autres fois bleues
ou rouges, qui voltigent dans l'air à peu de distance du sol, et
qu'on aperçoit principalement pendant la nuit dans les cimetières
et les endroits marécageux. Un feu follet a généralement
l'aspect d'une flamme vacillante terminée par une aigrette irrégulière
qui rappelle vaguement la couronne d'une grenade. Il se montre de préférence
en automne par un temps calme.
L'apparition de feux follets a longtemps
été un objet de frayeur pour les campagnards qui croyaient
y voir une âme en peine. Dans la région de Bologne, un célèbre
météore igné nommé Bocca d'Inferno,
et qui était vraisemblablement une manifestation de feux follets,
était supposé apparaître dans l'intention maligne d'égarer
les voyageurs... A partir du XVIIIe siècle,
presque tous les physiciens, en se copiant les uns les autres, se sont
accordés à attribuer l'origine de ces feux à une matière
visqueuse et glaireuse, comme le frai de grenouilles, qui se serait élevée
dans l'air par la chaleur du Soleil et qui y serait
devenue lumineuse à la manière des phosphores.
Par la suite, les chimistes ont précisé
ce point de vue en supposant que le feu follet provient des matières
organiques en décomposition, qui dégagent de grosses bulles
de méthane, CH4, de diphosphine
P2H4, d'hydrogène
phosphoré (phosphine), PH3, rendu
spontanément inflammable à l'air par une faible quantité
d'hydrogène phosphoré liquide, PH2.
Cette explication est sans doute vraie quant à la substance du feu
follet, témoin l'odeur de phosphore que ce météore
laisse quelquefois après lui, mais elle ne concorde pas jusqu'au
bout avec les faits. En réalité, le feu follet n'est pas
une lueur instantanée; il peut briller dix, vingt, trente secondes
et même, quoique rarement, plusieurs minutes; il ne produit pas de
fumée; il n'enflamme pas; il ne roussit même pas les herbes
sèches sur lesquelles il se pose. On doit nécessairement
admettre que, dans le gaz qui constitue le feu follet, la proportion d'hydrogène
phosphoré liquide ou de méthane est trop faible pour amener
l'inflammation spontanée à l'air et que le météore
brille seulement par une forme de phosphorescence, comme la couleur également
le suggère.
Il est possible aussi que, dans le cas
présent, comme dans celui des globes de feu (La
foudre et les éclairs), plusieurs sortes de phénomènes
distincts soient rangés par erreur une même catégorie,
conduisant à rendre illusoire une explication unique. (Durand-Gréville
/ Joannis / Brisson / Kaemtz). |
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