Baudelaire 1857 | Vieux cul-de-lampe L'Amour est assis sur le crâne De l'Humanité, Et sur ce trône le profane, Au rire effronté, Souffle gaiement des bulles rondes Qui montent dans l'air, Comme pour rejoindre les mondes Au fond de l'éther. Le globe lumineux et frêle Prend un grand essor, Crève et crache son âme grêle Comme un songe d'or. J'entends le crâne à chaque bulle Prier et gémir : - "Ce jeu féroce et ridicule, Quand doit-il finir? Car ce que ta bouche cruelle Eparpille en l'air, Monstre assassin, c'est ma cervelle, Mon sang et ma chair!". | |