Baudelaire 1857 | Imaginez Diane en galant équipage, Parcourant les forêts ou battant les halliers, Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage, Superbe et défiant les meilleurs cavaliers! Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage, Excitant à l'assaut un peuple sans souliers, La joue et l'oeil en feu, jouant son personnage, Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers? Telle la Sisina! Mais la douce guerrière A l'âme charitable autant que meurtrière, Son courage, affolé de poudre et de tambours, Devant les suppliants sait mettre bas les armes, Et son coeur, ravagé par la flamme, a toujours, Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes. | |