| Mater Matuta (= la mère du petit matin) est une divinité romaine. Le mot de matuta se rattache à ceux de mane, manus et matutinus, et représente une déesse de l'aurore et qui s'appelle Matuta au même titre que Janus était invoqué sous le nom de Pater Matutinus. En sa qualité de dieu de la lumière, elle était, elle aussi, déesse des accouchements. Sa fête s'appelait Matralia, c'est-à-dire fête des mères. On la célébrait à Rome le 11 juin. Les femmes esclaves en étaient exclues. Les cérémonies y gardèrent jusqu'à l'Empire un caractère naïf et archaïque, puis elle tomba en désuétude comme tous les cultes primitifs. De plus, cette déesse présidait à la vie des ports, comme la Leucothée grecque avec laquelle on l'identifia plus tard, absolument comme on confondit Portunus avec Palémon ou Mélicerte, fils de Leucothée. Le culte de Matuta était très répandu dans l'Italie primitive. Son temple de Satricum chez les Volsques était très fameux; on l'adorait aussi à Cora, à Calès en Campanie, à Pisaure en Ombrie. La déesse de Pyrgi, le port de Caere, dont les Grecs traduisaient le nom tantôt par celui d'Eileithyia, tantôt par celui de Leucothée, était sans doute Mater Matuta. Son premier temple à Rome date de Servius Tullius; il fut restauré par Camille, et était situé près du forum Boarium (le marché aux boeufs). Comme pour les autres cérémonies, toutes les esclaves en étant exclues, sauf une qu'on renvoyait du temple avec l'accolade des affranchies, et c'était une femme mariée pour la première fois qui devait couronner la statue de la déesse. Plus tard, lorsqu'on identifia la Mater Matuta avec Leucothée et Portunus avec Palémon, il se forma une légende qui faisait venir de Grèce la fille de Cadmus, la faisait accueillir à Rome par Hercule, et lui faisait prendre dans son nouveau pays un nom et un caractère national. (L. Preller / T.). | |