Les prétextes des gens du monde « Quand vous nous dites que vous êtes du monde, que prétendez-vous dire? Que vous êtes dispensés de faire pénitence? Mais si le monde est le séjour de l'innocence, l'asile de toutes les vertus, le protecteur fidèle de la pudeur, de la sainteté, de la tempérance, vous avez raison. Que la prière vous est moins nécessaire? Mais si dans le monde les périls sont moins fréquents que dans les solitudes, les pièges moins à craindre, les séductions moins ordinaires, les chutes plus rares, et qu'il faille moins de grâce pour s'y soutenir, je suis pour vous. Que la retraite n'y saurait être un devoir? Mais si les entretiens y sont plus saints, les assemblées plus innocentes; si tout ce qu'on y voit, qu'on y entend, élève à Dieu, nourrit la foi, réveille la piété, sert de soutien à la grâce, je le veux. Qu'il en doit moins coûter pour se sauver? Mais si vous y avez moins de passions à combattre, moins d'obstacles à surmonter; si le monde vous facilite tous les devoirs de l'Evangile, l'humilité, l'oubli des injures, le mépris des grandeurs humaines, la joie dans les afflictions, l'usage chrétien des richesses, vous dites vrai, et on vous l'accorde. O hommes! tel est votre aveuglement, de compter vos malheurs parmi vos privilèges, de vous persuader que ce qui multiplie vos chaînes augmente, votre liberté, et de faire votre sûreté de vos périls mêmes. » (Massillon, Sermon sur la Samaritaine, 1er point). |