| Les Trophées, par José-Maria de Heredia (1893). - Ce recueil, composé presque tout entier de sonnets, se divise en plusieurs groupes : la Grèce et la Sicile, Rome et les Barbares, Moyen âge et Renaissance, Orient et Tropiques, la Nature et le Rêve. Il porte à un très haut degré les qualités essentielles du Parnasse. D'abord l'impersonnalité, car le poète, sensible à la seule émotion du beau, ne nous laisse connaître de soi-même que la précision de son regard et la sûreté de sa main. Ensuite, l'exactitude scientifique; car, dans ces sonnets où il résume les diverses formes de civilisation, il n'y a aucun détail qui ne soit authentique. Enfin, le culte de l'art et de la forme; car nul autre poète ne fut jamais plus correct et plus pur, n'allia si bien la rectitude et la précision à l'éclat. On peut regretter que la poésie des Trophées soit trop parfaite, c'est-à-dire qu'elle ne laisse rien d'inachevé, rien de vague, rien dont l'écho se prolonge dans notre coeur. Mais José-Maria de Heredia est un véritable artiste, soit comme peintre, par l'éclat du coloris, soit comme sculpteur, par le galbe des contours, soit comme musicien, par la richesse des sonorités et des rythmes. Les sonnets : Soir de bataille, le Vitrail, la Dogaresse, les Conquérants, le Samouraï, sont célèbres. - | |