| Roman de Jaufre, poème de 11 160 vers de 8 syllabes, écrit en langue provençale du XIIe siècle, et se rattachant au cycle d'Arthur. Le jeune écuyer Jaufre se rend à la cour du roi Arthur : pendant un repas, un vassal de ce prince, Taulat de Rugimon, redouté pour sa force et sa cruauté, vient frapper mortellement un chevalier. Personne n'osant le poursuivre, Jaufre se propose, et obtient d'être armé chevalier sur le champ. Après une série d'aventures merveilleuses et de glorieuses prouesses, il arrive au pied d'une tour où gémit la belle Brunissende, dont le père est retenu depuis sept ans prisonnier par le même Taulat. Victorieux de ce félon, il emmène Brunissende, qu'il doit épouser : sur la route, attiré par les cris d'une dame qui se noie, il se plonge au milieu des eaux, et se trouve dans une contrée délicieuse; cette dame est une fée, qui réclame son secours contre un oppresseur. Il la délivre, remonte sur terre, et conduit Brunissende, qui le croyait perdu, à la cour d'Arthur. Leur mariage est célébré avec une grande pompe et au milieu de nouveaux enchantements. Le roman de Jaufre offre des tableaux intéressants de la société féodale, avec ses fictions chevaleresques et ses féeries; on y reconnait l'influence des idées arabes, qui s'étaient répandues de l'Espagne dans le midi de la France, et Cervantès parait lui avoir emprunté plus tard quelques-unes de ses inspirations. Ce roman fut commencé par un Troubadour qui en avait entendu raconter le sujet à la cour d'Aragon, et fut achevé par un autre poète, assez modeste pour cacher son nom et celui de son prédécesseur. Il en existe deux manuscrits à la Bibliothèque nationale de Paris. (B.). | |