| Le Bel Inconnu, roman de la Table ronde. Le sujet de la délivrance de la fille du roi Gringars, la blonde Esmerée, qu'un enchanteur a changée en une guivre (couleuvre) monstrueuse, et fait garder par deux chevaliers et mille jongleurs dans un immense château enchanté, au milieu de la Cité Gastée (ruinée). Cette délivrance ne peut être accomplie que par un seul chevalier. Le Bel Inconnu, ainsi nommé de ce qu'il ignorait son propre nom, obtient du roi Arthur la permission de tenter l'entreprise, se rend au château, brave tous les enchantements, combat tour à tour les deux chevaliers, met l'un en fuite et tue l'autre. La guivre se montre alors, s'approche, le fascine de son brillant regard, s'élance sur lui, le baise à la bouche, et ce baiser détruit le charme. Elle redevient une belle jeune fille, se fait connaître à son libérateur comme reine du pays de Galles, et lui offre son royaume et sa main. Le Bel Inconnu accepte, après qu'une voix mystérieuse lui a révélé qu'il se nomme Giglain, fils du chevalier Gauvain et de la fée aux Blanches Mains. Ce roman forme plus de 6 000 vers de 8 syllabes, dont 2 000 environ racontent l'aventure principale : le reste se compose de récits épisodiques de combats contre des chevaliers ou des géants, que le Bel Inconnu rencontre, et qu'il tue ou soumet, pendant son voyage pour se rendre à la Cité Gastée. Parmi ces épisodes, remarquables par une imagination heureuse, et souvent l'art et la vivacité de la narration, il y en a un, la Fée de l'île d'or, pour laquelle le Bel Inconnu se prend d'une vive passion, qui paraît évidemment le type de celui d'Armide et Renaud, de la Jérusalem délivrée : le noeud, les détails, et jusqu'au dénouement, sont les mêmes, car le Bel Inconnu n'est arraché à son enivrement que par l'annonce d'un tournoi où le roi Arthur convoque tous les chevaliers. Le roman du Bel Inconnu (ou li Biaus Desconnus) est de Renauld de Beaujeu, poète du XIIIe siècle; il jouissait d'une grande vogue au moyen âge, et fut traduit en plusieurs langues, notamment en anglais. (C. Dezobry).
| En bibliothèque - L'original de cet ouvrage était perdu depuis des siècles, lorsque le hasard l'a fait retrouver en 1855, dans un vieux manuscrit de la bibliothèque du duc d'Aumale, à Twickenham. M. Hippeau, qui fit cette intéressante découverte, obtint du prince la permission de publier ce roman, dont il donna l'édition princeps, suivie de la traduction anglaise et d'un glossaire, Paris, 1860, petit in-8°, dans une collection de poètes français du moyen âge. | | |