| Une ambiguïté (du latin ambiguitas, formé de ambiguus, qui se rattache au verbe ambigo, c.-à-d. ago animum in ambas partes, j'agite mon esprit en deux sens différents) est un défaut de clarté, qui consiste à laisser l'esprit incertain sur le vrai sens d'une expression, laquelle semble exprimer une chose, tandis que l'orateur ou l'écrivain en a pensé une autre. On remarque ce défaut dans le 4e des vers suivants adressés par Néarque à Polyeucte (I, 1) : Avez-vous cependant une pleine assurance D'avoir assez de vie ou de persévérance? Et Dieu, qui tient votre âme et vos jours dans sa main, Promet-il à vos voeux de le vouloir demain? De le vouloir signifie, dans la pensée du poète, que vous le voudrez. Mais l'esprit s'arrête d'abord incertain; car, selon les règles générales de la construction et de la syntaxe françaises, cet infinitif semble avoir le même sujet que le verbe promet; et, d'autre part, il ne serait pas absurde d'entendre que Dieu, maître de l'âme de Polyeucte, ne voudra peut-être plus lui inspirer une si glorieuse résolution. Ce vers du Cid n'est pas non plus, au premier abord, sans quelque ambiguïté : L'amour n'est qu'un plaisir, et l'honneur un devoir; car il semble que Corneille veuille dire et l'honneur n'est qu'un devoir, tandis qu'il veut dire : Mais l'honneur est un devoir. L'ambiguïté résulte ici de la forme elliptique du second membre de phrase. Au fond, l'ambiguïté, dans les deux exemples précédents, est légère; car un instant de réflexion la fait disparaître. Mais il y a des cas où elle peut poser de vraies difficultés. L'ambiguïté dans les textes des lois, dans la rédaction des articles d'un traité, d'un contrat, etc., a été, de tout temps une source de procès, de rixes et de querelles sanglantes. En Droit, ce qui est ambigu s'interprète, soit dans le sens dont peut sortir un effet, soit dans celui qui convient le mieux à la matière, soit d'après les usages locaux : dans le doute, la clause ambiguë s'entend contre celui qui a stipulé et en faveur de celui qui a contracté obligation (Code Napoléon, art. 11561164 ). (P.). | |